Deux membres de la Team Outdoor and News étaient SUR LE TERRAIN ce week-end du 22 et 23 août sur les sentiers de la Suisse Normande. Situé non-loin de Caen, ce secteur de la Normandie mérite d’être découvert. Pour l’occasion, Anthony et Julien se sont lancés pour le Tour de la Suisse Normande sur deux jours au départ de Thury-Harcourt (14), voici le résumé du périple.
Le début d’un bon week-end
Il est samedi matin lorsque j’arrive sur les lieux. Je suis de la région Parisienne et il m’aura fallu tout juste 3 heures pour arriver au cœur de la Suisse Normande.
Cette partie de la Normandie est située entre le Calvados et l’Orne et doit son nom au caractère vallonné qui rappelle (de loin) les Alpes. Si je viens ici, ce n’est pas pour une petite balade pépère, mais bel et bien pour réaliser un gros week-end choc en préparation des prochains 100 bornes prévues à la rentrée.
Initié par Julien, l’idée de ce week-end à la découverte de ce petit bout de Normandie bien vallonné (eh oui !) me tentait bien. L’idée de ces deux jours. Partir le samedi 12H00 de Thury-Harcourt – pour rallier Condé-sur-Noireaux (où la deuxième voiture sera garée) pour dormir en tente et continuer l’ultra-tour le lendemain pour finir la boucle de nouveau à Thury.
Un ultra-tour sur 24H (de midi à midi) d’un total de 93 km et 2000 D+ (enfin sur le papier). Le challenge est intéressant et nous sommes, Julien et moi plus que motivés à l’idée de parcourir ces dizaines de kilomètres du sentier GRP (balisage rouge et jaune).
Premiers kilomètres sur les sentiers de Suisse Normande
Il est 12H25 quand nous nous élançons enfin. La logistique est prête, nous pouvons partir sereins. Le début du parcours nous entraîne dans le village de Thury pour rapidement nous faire sortir par de petites routes peu fréquentées.
Les 3 premiers kilomètres se composent uniquement de bitume. Nous craignons pour nos genoux si les sentiers n’arrivent pas plus régulièrement. La montée est progressive avant d’arriver sur une bute et de redescendre dans la vallée.
C’est à partir de là que le parcours deviendra plus sauvage. Une alternance permanente entre sentiers, piste et bout de route communale sans absolument aucune circulation (nous n’avons pas vu de voiture du périple). Les premiers bourgs sont vite traversés – de nombreuses vaches pâturent aux alentours. Il n’y a visiblement pas beaucoup d’habitants dans les parages.
Les premiers up and down
Nous traversons notamment St Omer et passons près du mont Père et ses 271 mètres d’altitude… Ce qui n’est pas sans rappeler que nous sommes ici dans les plus hautes altitudes de la Normandie.
Nous en grimperons d’ailleurs le point culminant le lendemain : le Mont Pinçon. Les sensations sont bonnes même si la lourdeur du temps nous contraint à beaucoup nous hydrater. Par chance, nous croisons de nombreux cours d’eau pour nous mouiller la tête.
Le deal de départ : courir sur le plat (inexistant sur ce tracé) et en descente – marcher en montée. Nous respectons cela avec une moyenne de 10 km/h sur le début du parcours.
Les 20 premiers kilomètres passent sans encombre et nous sommes rassurés. Le balisage est bon. Notre prochain but : Pont D’Ouilly où nous avons prévu de faire le plein d’eau, d’un sandwich et de prendre 40 minutes de pause. Nous sommes alors au kilomètre 29 de notre premier jour. Nous sommes bien (excepté le petit coup de mou entre 23 et 27 pour Anthony) et nous passons notre temps à papoter aussi bien que les 3h15 de course sont passés à une vitesse folle.
Pont-d’Ouilly nous ouvre ses décors
Pour cette première pause, nous avons tout ce qu’il faut. Le village renferme deux boulangeries, un supermarché, un bar, l’Orne qui passe en son centre avec d’excellents spots paisibles pour se reposer autour de la rivière.
Pour l’instant, notre organisation est optimale, et elle va le rester jusqu’à la fin de notre première journée. La suite : des montées, des descentes, rarement techniques, dans des petits sous-bois mais aussi quelques prés et des champs de maïs.
Nous croisons de plus en plus de lapins, peu craintifs, qui nous courent dans les pattes. Original. Au détour d’un sentier, deux vététistes nous surprennent. Nous discutons un peu, Julien les retrouvera sur l’Infernal trail des Vosges en septembre, drôle de coïncidence.
Les cuisses brûlent. Je regarde ma montre, surprise, nous sommes déjà à 1100 m de d+ pour 40 km. Il nous reste 9 km avant d’arriver et au vu du profil, ce n’est pas prêt d’arrêter de grimper. Un léger coup de mou nous assomme. Nous parlons moins, mais nous restons fixés sur notre objectif : arriver avant 19H30 au camping municipal de Condé-sur-Noireau.
Les derniers kilomètres se font sur un rythme de 11 KM/h en moyenne pour terminer la journée avec : 49 km, 1400 m de d+ en à peu près 5H30 (hors pause) soit 9,2 km/h. Pour un ultra-tour et au vu des up and down constant du parcours ce n’est pas mal.
Une nuit au camping
Une petite douche au camping, notre tente nous attendant dans la voiture garée là le matin. Puis nous filons au restaurant « le café des quais ». Une très bonne adresse : délicieux et le personnel y est fort sympathique. Nous ne trainons pas trop et après être rentré sous quelques gouttes nous nous couchons pour une brève nuit à 22H30 – il pleut des trombes, mais pas le temps de s’en émouvoir, demain levé 5H30.
« Les chemins sont actuellement en cours de rénovation, la personne en charge au niveau du Département rentre bientôt de vacances et validera les circuits dit qualité rapidement et donc le balisage adapté se fera sans doute prochainement. »
2e jour sur les sentiers de Suisse Normande
Le deuxième jour commence à la frontale. Nous plions nos affaires et quittons le camping. La veille, nous avions demandé au restaurateur de nous mettre une part de riz au lait dans un contenant plastique pour notre petit déjeuner. Nous avions eu le nez creux. Car ce qui nous attend, va nous réserver quelques mauvaises surprises : aucun point de nourriture ni d’eau pendant les 6Hs30 que nous mettrons à terminer le parcours.
Nous entamons le tracé à la pénombre d’un lever de soleil un peu engourdi, et commençons de plus en plus à chercher notre chemin. Heureusement par sécurité j’ai téléchargé la trace GPX sur mon téléphone. Là où je ne l’ai regardé qu’une dizaine de fois la veille, je me retrouve le nez sur mon portable toutes les 2 minutes. Quelle mauvaise surprise que de se rendre compte que la trace a été sciemment effacée sur tout ce début de parcours.
Une peinture grise vient recouvrir intégralement la trace rendant le cheminement complexe. Nous perdons là de nombreuses minutes à nous arrêter à chaque croisement pour se rediriger vers la bonne direction. Ce sera le GROS point négatif de ce OFF. J’espère que l’office du tourisme pourra se renseigner et que la FFR du coin rebalisera le parcours au plus vite. L’Office de Tourisme à pris en compte nos retours concernant le balisage et nous indique cela :
Avancer malgré les coups de mou…
La déambulation continue et nous sommes étonnés de voir que le parcours est toujours aussi vallonné. Nous avions choisi de partir sans bâton, et je suis presque en train de le regretter.
Le D+ monte à toute allure sur ma montre à tel point qu’au 70e kilomètres, nous sommes déjà à 2000 m de d+ soit la prévision pour le parcours entier (93 km). Cette deuxième partie est très jolie, nous passons par des endroits plus sauvages, et nous apprécions les décors. Dans les jardins : des chiens, des poules, des oies, des vaches et parfois même des chèvres. Pas de doute, nous sommes bien au cœur de la campagne normande.
Nous nous perdons une fois à cause du balisage faisant un agréable détour par le château de Pontécoulant (ce qui rallongera le parcours de quelques kms). Nous regrettons que la trace GRP ne passe pas par ce genre de point d’intérêt. Le tracé est à notre goût, pas toujours très bien pensé, il faudrait s’y pencher (d’où le débalisage pour refaire le parcours ?). Il manque clairement sur cette deuxième partie, un passage par un village étape car peu de gens en randonnée sont prêts à faire 50 km d’une traite.
Plus tard, nous réalisons l’ascension du Mont Pinçon, le plus haut sommet de Normandie avec ses 351 mètres de haut. Le temps est frais, il pleut même un peu. Cela contraste bien avec la lourdeur de la veille. À partir du KM 24 de la deuxième journée (75ème km) nous commençons à manquer d’eau. Et aucun village, aucun commerce en vue avant … l’arrivée. Difficile donc de se ravitailler (et comme nous sommes déjà parti depuis 3h nous commençons à être à sec).
En connaisseur, nous tentons les cimetières : mais l’eau y est coupée. Ça va être compliqué. Heureusement, dans le petit hameau de la Tourpinière, un habitant (le seul croisé quasi de la journée) nous permet de remplir notre eau et nous donne en cadeau 10 morceaux de sucre plus que salvateurs.
Cela faisait 10 kilomètres que nous ne parlions plus, comme épuisés par l’effort des deux jours, et la gorge asséchée par le manque d’eau. Grâce à cet homme, nous sommes reboostés pour la fin du parcours même si ce dernier est toujours « non balisé » et que nous réalisons l’intégralité de la trace grâce à mon portable. Les sous-bois sont charmants, de nombreux petits cours d’eau nous rafraîchissent entre deux montés, Julien met sa musique sur les oreilles pour lui permettre de retrouver un second souffle, tandis que je me mets dans ma bulle pour chercher le relâchement.
Vue sur Thury-Harcourt, la libération
Il reste maintenant 10 km et nous sommes comme remotivé par l’arrivée prochaine, dans moins d’1H30 : Soda, sandwich et fin de l’aventure. Quel soulagement.
Sur la dernière portion en balcon, nous croiserons quelques chevaux sur de larges pistes dans des champs avec une vue imprenable sur Thury-Harcourt. La descente finit de casser les dernières fibres de nos cuisses terrassées par l’effort.
Nous y sommes ! Pas de blessure, pas de douleurs autres que musculaires. C’était le but, et nous avons pleinement rempli la mission. Au total : 97 kilomètres, 2650 m de D+ en 11H40 (sur deux jours : 49k et 48 k) avec une moyenne de 8,6km/h. Un beau week-end à refaire.
Site internet de l’Office de Tourisme : cliquez ici
Suisse Normande Tourisme : cliquez ici
Rédaction et photos : Anthony Binst et Julien Frenoy
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