Ragna Debats, première féminine du Marathon des Sables 2019 et 12ème au classement général, revient pour Outdoor and News sur cette fabuleuse aventure du MDS…Elle répond à nos questions depuis un aéroport, attendant son vol à destination de sa prochaine course, en Chine.
Quels sont les premiers mots qui te viennent en tête après cette édition du MDS ?
C’est une super expérience ! Mes mots seraient « Courir » mais aussi une « bonne performance », le « partage avec les gens » et une « organisation brillante ».
Avais-tu des doutes avant la course ? Ou des certitudes ?
Oui. J’avais des doutes car c’était la première fois que je courais dans le désert. J’avais des doutes concernant la température. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne savais pas trop combien de nourriture j’allais avoir besoin par jour mais finalement mon mélange « Küik Meal + Etixx » m’a parfaitement convenu.
J’avais aussi des certitudes : je savais que j’étais aussi bien préparée que possible. Je me sentais forte et prête et parmi les favorites.
Quel a été l’élément le plus difficile pour toi ? Et le plus facile ?
Le plus difficile a été les parties sableuses où je devais courir vite. Pas les dunes mais plutôt les parties sableuses assez plates où il était malgré tout difficile de maintenir une bonne vitesse.
Le plus facile : euh …. la chaleur. J’ai bien géré cela. Et aussi l’eau. J’avais assez d’eau en permanence sans avoir à me rationner.
Quelle étape as-tu préféré et pourquoi ?
La dernière a été mon étape préférée. Mon corps avait complètement récupéré des jours précédents, j’ai aimé le parcours. J’ai couru avec un sourire sur mon visage du début à la fin de cette étape et je me suis sentie forte tout au long de celle-ci.
Y-a-t’ il une étape pour laquelle tu n’es pas satisfaite ?
Oui, l’étape longue. J’ai eu des problèmes de dos pendant cette longue étape et j’ai commencé celle-ci beaucoup plus lentement que la vitesse à laquelle je cours habituellement.
C’était ton 1er MDS. Etait-ce comme tu l’avais imaginé ?
Oui, tout à fait. J’avais beaucoup d’attentes et finalement j’ai trouvé cela fantastique ! J’ai apprécié la bonne humeur dans notre tente, j’ai adoré aussi les parcours, j’ai bien supporté mon sac à dos…
Etais-tu davantage concentrée sur le classement général ou sur le classement féminin ?
J’ai essentiellement couru avec des hommes autour de moi. Je n’ai quasiment pas vu de femme de toute la course. Mais je dirais que j’ai surtout été en compétition avec moi même, comme à chacune de mes courses. Je voulais donner le meilleur de moi-même et performer du mieux possible, pour moi.
Avoir Albert Giné et Alex Fraguela comme partenaires de tente, est-ce quelque chose qui t’a motivé ? Boosté ? Etaient-ils de bons compagnons de tente ?
Nous avons créé une équipe TERRESDELEBRE/CADEMONTANA et c’est toujours un « plus » d’être en équipe. Pour le partage, la connection, la motivation et la gentillesse que nous avons partagés. Nous n’étions pas en compétition les uns contre les autres mais les uns avec les autres. Alex et Albert sont de formidables compagnons de tente !
Parliez-vous de stratégie entre vous, avant certaines étapes ?
Au début, non. Puis nous nous sommes retrouvés dans le top 3 par équipe et nous avons décidé de tout donner, de ne pas relâcher nos efforts lors de la dernière étape et nous avons ainsi pu garder notre seconde place par équipe.
La vie au MDS est sereine et bienveillante. As-tu des histoires à nous raconter à propos de votre tente ? Est-ce que tes compagnons de tente sont comme une famille pour toi ? Aviez-vous une organisation particulière ?
Le mot qui me vient à l’esprit est amitié.
Des anecdotes ? Quand je me réveillais chaque matin, assez lentement, les garçons étaient déjà en train de raconter des blagues. Ils étaient toujours de bonne humeur !
Chaque après-midi, après la course, il y avait du jambon espagnol et du parmesan ainsi qu’un gâteau spécial catalan à partager. L’un de mes coéquipiers avait demandé à mon mari ce que j’aimais et il avait apporté ce gâteau spécial que j’adore pour me faire une surprise. Nous partagions tous de petits morceaux de jambon, de fromage et de gâteau sous la tente.
Albert s’est beaucoup occupé de moi, m’aidant à appliquer ma crème solaire, à ranger mes affaires, à veiller à ce que je reste au chaud … Il m’a vraiment beaucoup aidé !
Je considère mes compagnons de tente comme ma famille. Même si je ne connais pas tout d’eux, je les connais assez pour les apprécier en tant que tel.
Pourrais-tu nous dire un mot sur l’organisation, le staff et les bénévoles du MDS ?
L’organisation est phénoménale ! Vraiment bien rodée. Je me suis sentie en sécurité tout le temps, entourée de bienveillance par les organisateurs, les bénévoles et l’équipe médicale. Quand je souffrais sur la 3eme étape, une voiture de l’équipe médicale est venue à mes cotés pour vérifier que tout allait bien et pour pouvoir agir immédiatement en cas de problème.
Toute l’équipe du MDS est vraiment fantastique et si bienveillante !
Patrick Bauer est extraordinaire. La solidarité qu’il met en place afin d’offrir aux enfants marocains la possibilité d’avoir une vie meilleure est fantastique.
Y-a-t’il des points qui pourraient être améliorés ?
Non, absolument aucun.
As-tu recommencé à courir depuis le MDS ? Es-tu déjà concentrée sur ton prochain objectif ?
Oui. Je me sentais en forme après le MDS alors j’ai repris l’entraînement (notamment en hypoxie c’est à dire dans des conditions où l’oxygène est raréfié) pour ma prochaine course en Chine (la Yading Skyrun). Celle-ci se déroule à des altitudes élevées.
Que garderas-tu en mémoire de ce MDS 2019 ?
Les moments formidables sous la tente, la course, la quantité de nourriture dont j’avais besoin, le fait que mon corps puisse récupérer aussi bien ….. Je ne garderai que des choses positives de cette belle aventure !
Propos recueillis et traduits par Marie Cazelles.
Crédit photos : CIMBALY / MARTHA BACARDIT /