Mérile Robert, la force tranquille du MDS

Mérile ROBERT, discret et humble, caché derrière son bob à la d’Haene a déjoué tous les pronostics en 2018, en prenant la 3ème place. Tel un renard du désert, il revient en force …

Quelle est la  première phrase qui te vient à l’esprit à la suite de ce  MDS  2019 ? 

« Ce serait top que je puisse revenir l’année prochaine ! » C’est ce que je me dis dès que je décolle de Ouarzazate. L’ambiance du Bivouac, les rencontres, cette semaine hors du temps, … on est vite en manque.

Lors de ta préparation, avait tu des doutes sur des « bobos » qui pouvaient arriver ?

Il y a toujours beaucoup d’appréhension et de doutes dans la phase de préparation d’une course majeure de son calendrier surtout lors de la reprise d’un cycle d’entraînement. Même si la montée en charge est progressive, les tensions passagères sont inévitables et l’enchaînement des entraînements réveille parfois de vieilles douleurs. Le plus dur est de lever le pied lorsqu’elles apparaissent mais avec l’expérience, on arrive à analyser assez rapidement la nature et l’évolution d’une blessure.

 

 

Lorsque l’on se prépare, on s’imagine finir dans de bonnes conditions, mais lors d’une course à étapes lorsque les blessures ou des gênes arrivent, notre façon de voir les choses change, comment gères-tu cela ?

 Sur le MDS, on passe beaucoup de temps sur le bivouac donc tu as le temps d’analyser l’étape du jour, réparer les petits « bobos » et voir comment tu vas gérer l’étape suivante dans les meilleurs conditions qui soit.

 

 

Pour toi, est-ce difficile (mentalement) de se dire que tu t’es entraîné  et que ton objectif n’est pas forcément au RDV ? 

Pas du tout, je prends toujours du plaisir à l’entraînement. Quelque soit le résultat, l’entraînement est toujours bénéfique, c’est de l’expérience acquise qui pourra resservir. Je me fixe souvent plusieurs « paliers » dans les objectifs donc j’ai toujours moyen de trouver une satisfaction même si l’objectif ++ qu’on s’est fixé dans un coin de la tête n’est pas atteint.

Plus de concurrence cette année ? Quelques marocains supplémentaires, un italien, un espagnol (Alex était déjà là l’année dernière), une femme Ragna toujours dans les parages ? 

 C’est vrai que cette année il y avait un peu plus de densité à l’avant de la course que l’année dernière. Plusieurs coureurs reviennent sur le MDS avec plus d’expérience, Antonio Alongi notamment, Alejandro Fraguela et aussi Robert Pope. Les Marocains quant à eux sont toujours aussi efficaces sur leur terrain de jeu et ont imposé un rythme particulièrement intense les 3 premiers jours.

 

Une édition plus dure que l’année dernière ? 

 Je ne pense pas que cette édition était plus dure que l’année dernière, au contraire, il n’y a pas eu de grosse chaleur la journée, peu de vent, des nuits pas trop fraîches, le parcours réduit en kilométrage donc, au final, des conditions moins sélectives que l’année dernière.

Personnellement, j’ai eu pas mal de difficultés à suivre le rythme les 2 premiers jours et je termine ces étapes dans un état de fatigue important. Sur la première étape, j’ai toujours un petit temps d’acclimatation mais là, je pense que j’ai cumulé avec des problèmes gastriques qui ont perturbé ma récupération quotidienne.

Après 3 jours ça allait un peu mieux, je me suis senti bien dès le départ de l’étape longue, peut-être aussi parce que le rythme était moins soutenu mais je termine l’étape vraiment bien, c’est là que je me dis qu’un CP de plus m’aurait peut-être permis de réduire l’écart avec le groupe de tête.

Faire la course pour soi est une chose. Etre en équipe se greffe dessus. Comment manager cela ? Le classement individuel prime sur l’équipe ? Des discussions la veille des étapes en stratégie ? 

 J’ai toujours participé au MDS en faisant partie d’une équipe donc cette composante constitue un objectif majeur pour moi. Contrairement aux Marocains, nous n’avons pas assez de marge de manœuvre pour pouvoir définir une stratégie et avoir pour objectif, par exemple, d‘imposer un rythme à tel ou tel moment de la course. Les conditions de course sont telles qu’on ne peut que gérer individuellement chaque étape en donnant le meilleur de soi et faire les comptes à l’arrivée. Suivre tel ou tel coureur en se mettant dans le « rouge » serait suicidaire. Il n’y a que sur l’étape marathon, éventuellement, qu’on peut analyser les écarts et tenter de grappiller une place ou 2 au classement mais en général, les écarts sont déjà faits

 

Un top 15 multinationalités, qu’en penses-tu ? Les marocains sont toujours prenables ? 

 La tâche est difficile, 6 marocains dans le top 10 cette année. Ils dominent largement l’épreuve. Ils ont l’avantage de connaître le terrain, pas de temps d’acclimatation pour eux, ils courent toute l’année dans ces conditions. Cependant, plusieurs coureurs européens reviennent chaque année avec un peu plus d’expérience et une préparation optimisée donc tout est possible… mais il faudrait qu’ils soient dans la même équipe 😉

 

La vie au MDS est sereine et bienveillante. Quelques retours, anecdotes sous votre tente 89 ? La tente une famille ? une organisation particulière entre vous 8 ? 

 C’est une des raisons pour lesquelles on retourne au MDS. Cette ambiance particulière sur le bivouac ou sous la tente où sérénité, bienveillance, complicité, entraide sont les maîtres mots.

L’organisation est assez naturelle, ceux qui arrivent les premiers préparent la tente, vont chercher du bois, ensuite, chacun gère son petit espace avec plus ou moins de « débordement ».

 

Une anecdote : Mohamed Faraj qui nous a fait découvrir une chanson Marocaine : « Il traverse le désert en dromadaire, … » sur un air de « il descend de la montagne à cheval… » mdr.

 

Quelques mots sur l’organisation, le staff, les bénévoles. Quelques points positifs et à améliorer ? 

 L’organisation est toujours au top, le staff, les docs, les bénévoles, tout le monde est aux petits soins pour les coureurs.

Des points à améliorer ? il y en a toujours sur une organisation de course surtout quand on voit la quantité de matériel à déplacer d’un bivouac à l’autre et le nombre de personnes qui s’affairent toute la journée autour de nous. C’est un sacré défi qu’il faut relever quotidiennement

As-tu recommencé à courir depuis la fin du MDS ? T’es tu reconcentré déjà sur le prochain objectif ? 

 Je ne me suis pas vraiment arrêté, j’ai même déjà repris le départ d’un petit trail à côté de chez moi 😉

Prochain objectif, l’UTMB puis probablement le AMUM de Dubaï en décembre mais je n’ai pas encore planifié les courses préparatoires d’ici fin Août, ça se fera selon l’état de santé du moment et surtout la disponibilité des dossards car les courses de montagne sont de plus en plus courues.

 

Que retiendras-tu de cette édition 2019 ?

Plein de belles choses, les rencontres, les retrouvailles, une expérience partagée toute la semaine dans une très bonne ambiance avec l’équipe Terres d’Aventure que je remercie une nouvelle fois.

 Côté course, j’ai fait mon petit bilan. J’ai encore trouvé pas mal de points à améliorer ou optimiser. Il faudra que je revienne les valider 😉

 

Une inscription 2020 ? 

Encore un peu tôt pour en parler mais l’idée fait son chemin 😉 … A suivre.

Propos recueillis par Carole Pipolo.

Crédit photos :

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