Meghan M. Hicks court ….. le MDS

MEGHAN à l’aise dans les dunes, revient sur son Marathon des Sables 2019. Une fraîcheur cette femme et surtout une très grande bavarde tout à son honneur et pour notre plus grand bonheur ! 

Quels sont les premiers mots qui te viennent en tête après cette édition du MDS ?

Apaisant, beau, créer des souvenirs que je garderai toute ma vie.

Avais-tu des doutes avant la course ? Ou des certitudes ?

J’étais si excitée de courir à nouveau au MDS ! Cela faisait 4 ans depuis ma dernière fois, et en faisant mon sac, j’ai réalisé que j’avais oublié plein de petits détails ! Mais mon corps et mon cerveau s’en sont rappelés dès que je suis arrivée au Maroc à nouveau, tout est revenu. Quelle époustouflante sensation que d’avoir des souvenirs et des habitudes qui reviennent à vous !

Quel a été l’élément le plus difficile pour toi ? Et le plus facile ?

La quantité limitée de nourriture est toujours difficile. Ce n’est pas tellement la quantité limitée d’ailleurs mais plutôt le long moment entre la fin de ta course chaque jour et le moment où tu te couches. C’est une longue période de temps où tu as plein de moments pour penser et où tu ressens la faim. Ha ! Si j’avais été occupée à faire quelque chose, je n’aurais pas noté cette sensation ! Mais il est facile de penser à la faim quand c’est ton seul souci !

Aussi, je me suis sentie mal durant le 3eme jour. J’ai eu quelques difficultés physiques dans l’après-midi du 3eme jour, puis pendant la longue étape ainsi que le jour suivant celle-ci. Je crois que j’ai attrapé un virus ou quelque chose qui m’a donné de la fièvre, des douleurs dans mon corps et des frissons. Cela m’a rendu incapable de gérer la chaleur pendant la course . Mon corps avait si chaud, rapidement, et la seule façon de le refroidir suffisamment était de marcher et de me verser de l’eau dessus. C’était une étrange sensation et c’était la première fois que je ressentais cela. Je suis habituée à la chaleur et il ne faisait pas aussi chaud que la fois précédente (il y a quatre ans). Je pense que le problème venait du fait que je sois malade.

Quelle étape as-tu préféré et pourquoi ?

J’ai adoré la deuxième étape avec les longs passages dans le désert sableux de Chebbi. Se retrouver au milieu de géantes dunes dorées et avec un magnifique ciel bleu, il n’y a rien de comparable sur Terre. Tellement spécial ! Il y a aussi eu Cactus, le chien, qui a couru à mes côtés pendant environ 5 Km dans les dunes et ensuite du dernier checkpoint jusqu’à la fin. Nous avons franchi la ligne d’arrivée ensemble !

Y-a-t’ il une étape pour laquelle tu n’es pas satisfaite ?

L’étape la plus difficile pour moi a été l’étape longue. J’étais malade et incapable de vraiment courir. Je devais alterner des phases de marche et des périodes de course pendant un moment, et ensuite principalement marcher. Je me sentais affaiblie avec la fièvre, des frissons, mes douleurs corporelles et le soleil me semblait si brûlant ! C’était difficile d’apprécier cette journée. Quand la nuit est arrivée et que les étoiles et la lune sont sorties, j’ai progressé tranquillement avec ma frontale, j’ai adoré ça et c’était une belle façon de terminer cette rude journée !

Ce n’était pas ton 1er MDS. Etait-ce comme tu l’avais imaginé ?

Je pense que oui ! Pour moi, c’était une semaine de vacances parfaite, 7 jours sans ordinateur, sans téléphone, sans email, sans responsabilité. Juste la course, être dans la nature et passer du temps avec des amis. C’était exactement ce que j’étais venu chercher et ce que j’ai vécu.

Au fil des étapes, pensais-tu qu’un top 3 féminin était possible ?

Je n’étais pas sûre en commençant la course de rentrer dans le top féminin. Ma préparation s’était globalement bien passée. J’avais couru à des allures soutenues pendant mon entraînement avec un sac à dos mais mon kilométrage global était plus faible que les autres années en raison d’autres responsabilités. J’avais également eu un problème avec un des muscles de la cuisse en Janvier qui m’avait obligé à stopper mon entraînement toute une semaine. Je ne savais vraiment pas avant la course si je pourrais courir et me situer dans le top féminin.

Le premier jour, j’ai senti que je courais à une allure confortable, celle que je pourrais tenir des jours durant, et j’ai terminé à la 5eme place du classement féminin. Donc à partir de là, j’ai pensé que je pouvais peut-être entrer dans ce top 5. Le second jour, je n’ai même pas essayé, en fait j’ai essayé de ralentir dans le désert sablonneux de Chebbi, mais j’ai encore doublé des gens et j’ai terminé 2eme même si mon effort m’a semblé plus facile le 2eme jour que le 1er. Ce jour là, je me suis dit « je ne sais pas si c’est possible ». Le 3eme jour, j’ai commencé à me sentir mal pendant les 15 derniers kilomètres et après avoir terminé, je ne me sentais vraiment pas bien. J’étais préoccupée par la longue étape par rapport à mon état de forme…Quand la longue étape a débuté, je me suis sentie mal au bout de 45 minutes de course et je savais que j’allais devoir être vigilante et avancer doucement pour pouvoir franchir la ligne d’arrivée. A ce moment là, la course était finie pour moi et tout ce qui comptait était de me protéger et faire attention à ma santé afin de pouvoir finir sans compromettre la suite de mes projets.

Parmi les autres filles, as-tu ressenti de l’adversité ? Comment as-tu géré cela ?

Entre les filles, aucune adversité ! Je n’ai pas passé beaucoup de temps avec Ragna , comme elle était toujours loin devant, mais j’ai passé du temps avec d’autres filles telles qu’ Aziza Raji, Gemma Carter et d’autres. L’énergie, la camaraderie et l’entraide étaient adorables. C’était super de faire partie de ce groupe de femmes !

La vie au MDS est sereine et bienveillante. As-tu des histoires à nous raconter à propos de votre tente ? Est-ce que tes compagnons de tente sont comme une famille pour toi ? Aviez-vous une organisation particulière ?

La tente 109 était formidable ! Nous étions une drôle de famille. Nous avions des coureurs rapides, des coureurs lents et d’autres entre les deux. Nous avons passé beaucoup de temps à plaisanter et à rire, à nous raconter des histoires et à nous aider les uns les autres. J’étais fière de faire partie de la tente 109.

Pourrais-tu nous dire un mot sur l’organisation, le staff et les bénévoles du MDS ?

Les bénévoles du MDS et le staff sont juste les personnes les plus cools ! Je sais que c’est une longue semaine pour eux avec peu de sommeil et des conditions difficiles. Finalement, ce qu’ils font c’est donner une place à chacun de nous, coureurs, pour passer des vacances actives, une sorte de camp de vacances pour adultes, quelque chose comme ça. Il y a une grosse logistique derrière pour créer tout cela mais ils le font si bien et ils ont vraiment l’air d’apprécier ce qu’ils créent. Tu peux sentir leur bonne énergie et elle se répand à travers le bivouac chaque soir.

Quels sont les points positifs et ceux qui pourraient être améliorés ?

A propos de l’organisation du MDS ? Pas grand chose pourrait être amélioré, c’est une machine bien huilée ! Je pense que d’avoir eu à grimper le djebel Otfal si tôt dans l’étape finale était difficile parce que la file de personnes était si longue ! Je recommanderais aussi à l’organisation de renforcer la règle concernant l’interdiction d’utiliser des téléphones portables au bivouac car beaucoup de personnes les ont utilisés cette année et c’était très différent il y a quatre ans.

La nourriture au début de la semaine, les traiteurs Marocains, je pense que la nourriture était délicieuse et qu’elle s’est améliorée depuis 4 ans. J’ai adoré le poulet façon tajine et le couscous. Mmmmmmmmmm ! J’ai vraiment aimé le long parcours à travers l’Erg Chebbi ; je sais que c’était logistiquement difficile de nous faire passer là mais ce sont des heures de vie tellement spéciales ! J’ai aimé le format marathon. Dans le passé, c’était plutôt plat et rapide mais j’ai apprécié cette année avec la combinaison de jebels, de sable et de portions plates.

As-tu recommencé à courir depuis le MDS ? Es-tu déjà concentrée sur ton prochain objectif ?

J’ai repris la course 4 jours après le MDS, quand j’étais sûre que ma maladie était terminée. En période de récupération, mon corps se sent toujours mieux en mouvement qu’au repos total. Donc bouger même 30 ou 40 minutes est important.

Es-tu déjà concentrée sur ton prochain objectif ?

Pas trop concentrée ! J’ai eu beaucoup de travail depuis la fin du MDS et j’ai été très occupée. Mon principal objectif sportif de ces dernières semaines était de récupérer complètement et de donner à mon corps le temps nécessaire pour cela. Je dirais que j’ai maintenant complètement récupéré. Je vais pouvoir à présent m’entraîner pour mes prochaines courses.

Que garderas-tu en mémoire de ce MDS 2019 ?

Le sentiment de paix du Sahara. L’obscurité de la nuit. L’amitié.

Propos recueillis et traduits par Marie Cazelles.

Crédit photos : IAN CORLESS

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