Maxime Bertrand : un sacré dépassement de soi ! Oui on peut courir avec le diabète !

MAXIME BERTRAND, le Corse de 28 ans s’est aligné sur l’ultra de Pas du Diable, organisé par Carole et Loulou à Saint-Jean du Bruel en AVRIL dernier. En rencontrant ses parents le long du parcours lui faisant ses ravitaillements, puis Maxime le lendemain, nous avons décidé de rester en contact. Et ainsi, vous proposez un portrait de cet athlète et de le découvrir sous un autre angle . angle de sa maladie : Le diabète et ainsi comprendre que sport et diabète font bon ménage !

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Age : 28 ans

Profession : Artisan maçon

Je pars toujours en course avec des portes bonheurs

Passionné (est-ce vraiment une qualité ?)

Têtue (est-ce vraiment un défaut ?)

Chaussures préférées : Hoka one Mafate

Un souvenir en course : L’odeur des aulnes qui me rappellent mon pays !!

Depuis quand cours-tu ?

J’ai commencé à courir en 2011 un peu par hasard je pratiquait la montagne déjà mais n’avais jamais couru auparavant.

Ma particularité est le diabète bien sur. Je suis diabétique depuis l’âge de 8ans. Le sport m’a permis de mieux l’équilibrer, le trail s’accompagne en plus d’une alimentation saine et d’une bonne hygiène de vie qui m’ont permis d’apprivoiser ma maladie, il est devenue au fil des années une raison supplémentaire à me dépasser et sans lui je ne ferais probablement pas d’ultras .

 

Quelle place occupe le sport dans ta vie ? Et comment gères-tu ton diabète ? 

Il occupe une très grande place dans mon quotidien, c’est en le pratiquant que j’ai pu à la fois trouver la sérénité nécessaire à mon équilibre physique ET psychique qui permet de prendre son état en main. J’ai appris grâce à lui, non pas à essayer d’équilibrer mon diabète afin de courir aussi bien qu’un autre coureur mais à véritablement me dépasser personnellement malgré mon handicap et je me suis rendu compte que c’était le lot de toutes personnes diabétiques ou non, de toutes personnes quel que soit son état ou sa condition…

En ce sens,  le diabète m’a même rendu parfois plus fort,  il aura été une émulation à me dépasser là où certains se contentent de ce qu’ils sont.

J’ai de plus, en pratiquant les sports que j’aimais, pu y faire les rencontres auxquelles j’aspirais.

J’essaie de sensibiliser les jeunes à la pratique du sport et de la montagne en particulier, le message s’adresse aux jeunes diabétique à qui je veux faire comprendre qu’avec une bonne hygiène de vie,  on peut dépasser la maladie et vivre avec , mais après tout  qui n’a pas intérêt àpratiquer une activité physique et à avoir un régime sain ?

Outre l’Ultra du pas du diable qui vient de se dérouler je prépare l’Ultra de corse pour Juillet où j’aurais à cœur de faire une bonne course chez moi…Je rêve simplement de pouvoir continuer à courir le plus longtemps possible…

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REVENONS MAINTENANT à son ULTRA PAS DU DIABLE avec ce beau compte-rendu ! Comme si vous y étiez ! 

Départ à 4h du matin dans le froid glacial (-2°C) de l’Aveyron,  nous sommes près de 400 sur la ligne de départ où le diable nous provoque…
Ça va faire des mois que j’attends ça,  j’ai juste hâte de partir maintenant, enfin le départ est donné je m’élance et pars en fermant les yeux…Je prends rapidement une foulée qui restera la même pendant près de 100km sans regarder les autres : je ne m’occupe que de moi et me focalise sur ma course et mon corps.
Le premier ravitaillement à 19km apparaît déjà avant les première lueurs du soleil et je m’arrête peu.  Je mange un morceau par circonstance et je repars aussitôt !  Mes jambes veulent courir… avant de partir mon père me dit que je suis 19eme.
Je repars un peu troublé car je me dit que soit il s’est trompé et annoncera au prochain ravito que je suis en réalité 119eme soit je suis parti  beaucoup trop vite…je n’hésite pas trop longtemps et je continue pour 23km jusqu’à Trêves où je dépasse des coureurs qui me paraissent  déjà étrangement fatigués alors que je suis en pleine forme…
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42eme km au ravito cette fois ci je me change et mange un peu plus je suis 16eme les premiers sont arrivés il y a quelques minutes seulement mon corps en redemande aujourd’hui je ne cours pas je vole…
Je repars pour Dourbie qui sera la mi course après avoir fait 2 étapes de 19 et 23km je me dit que celle-ci de 17 passera toute seule. Pourtant à 2km du ravito je, commence à douter un peu ce sera la première fois de la matinée que je commencerai à éprouver une certaine difficulté. J’ai vu pendant les derniers km deux coureurs s’arrêter net alors que l’on se suivait depuis ce matin et je me demande si moi aussi je vais finir par tomber comme eux…je n’ai pas encore de douleurs mais l’idée que j’arrive à mi course commencera à me peser…
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Au ravito je m’assieds et prends un peu de temps je me change complètement et reprends des forces.
Je suis 19eme je croise des coureurs beaucoup plus expérimentés depuis l’aube aux ravitos j’aurais fait ces 60 premiers km seul…là à ce moment précis je ne me suis jamais senti à la fois aussi proche et aussi loin de la ligne d’arrivée…je sais que je n’ai qu’à refaire la même chose que j’ai fait ce matin pour y arriver et c’est justement le problème…pas trop le temps de réfléchir il faut repartir la prochaine étape sera la plus longue 30km avant Aumessas…
Ces km seront une successions de bons et de mauvais moments c’est pourtant les km où j’aurais la chance de partager quelques moments avec deux coureurs et nous nous entraiderons tantôt dans les montées tantôt sur le plat à relancer…mes jambes ne veulent plus courir sans leurs soutiens je n’arriverai pas à relancer, en côte en revanche je maintiens un bon rythme et les tire et  j’arriverai à Aumessas avec l’un d’entre eux (ou plutôt l’une ) au bout de 14h29 de course je suis toujours 24eme…
Là je prends mon temps je ne fais plus la course je dois juste finir maintenant car mon corps commence à faiblir…je lis les messages reçus depuis ce matin qui me redonnent espoir et j’entame la montée sur la Condamine plein de doutes.  je commence à me dire qu’il faut ça s’arrête pourtant je sais qu’il y en a encore pour des heures de course.  J’atteins le sommet avant la nuit et repars…des coureurs me rattrapent ils courent !! comment font ils ? Mes jambes refusent d’avancer et chaque pas est littéralement une torture…il me reste 15km de course la nuit vient de tomber et le froid m’assaille…
Il fait -4°C Je ne cours plus et suis quasi statique avec la fatigue le froid m’endort…je mettrais une heure pour faire trois km avant d’arriver au dernier ravito “La prat”.
Là je dois réfléchir je ne sais pas si je peux repartir il ne reste que 7km mais si je me base sur mon allure ça représente plus de deux heures…j’ai froid je n’ai plus pris de plaisir depuis deux heures au moins et mes jambes ne veulent plus avancer…je n’ai plus couru depuis 4 ou 5 km.Je dois prendre une décision le coureur en face de moi abandonnera ici, les gens me diront que j’y suis presque que je n’ai qu’à finir en marchant mais il faut que ça s’arrête , après tout je n’ai rien à prouver à personne…
Et puis oui je dois me prouver que je peux le faire si mes jambes ne veulent plus bouger je finirai avec les mains…
Étrangement en repartant de ce ravitaillement je me remettrai à courir tant bien que mal,  je sais que je vais finir et je sais que plus vite je cours, plus rapide sera la fin…
après 22h25 de course je vois enfin la ligne d’arrivée…
J’espere la franchir depuis 120km pourtant ce ne sera pas une explosion de joie comme je l’imaginais depuis ce matin mais ce sera juste une délivrance la fin d’une torture et je la franchirai sans fierté en cherchant seulement un coin pour m’allonger…
Voilà 6 mois que je me dis que je vais faire cet ultra et je peux maintenant dire que je l’ai fait…J’aurai 2h d’avance sur le temps que j’espérais eet  j’aurais surtout couru pendant 60km sans jamais douter et prenant du plaisir et j’aurais trouvé dans les derniers une partie de moi que je n’imaginais pas. J’aurais puisé au fond de mon âme les moyens de repartir lorsque plus rien ne répondait présent…
Après quelques jours de récup les bons moments se font plus nombreux que les mauvais dans mon esprit.  C’est étrange quand même !
Je voulais donc écrire tout ça pour ne pas oublier combien cette course a été dure à la fin…
Nous sommes à dix semaines de l ultra de Corse et mes jambes me démangent déjà elles veulent repartir !!
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RETROUVEZ SES COMPTE-RENDUS SUR :

https://www.facebook.com/Les.Diabetiques.de.Corse

“Maxime Bertrand 27 ans, Corse originaire de la région Bastiaise, diabétique insulino-dépendant depuis l’âge de 8 ans, il a toujours pratiqué du sport en compétition notamment le cyclisme où il fut champion de Corse à l’âge de 16 ans et le triathlon où il fut champion de corse Xtri à 21 ans. Il pratique la montagne depuis son enfance et le Trail depuis 6 ans, après une année de blessures, il a repris l’entraînement depuis le début de l’année 2016 et après des premiers résultats encourageants, il participe à deux Ultra Trail cette année.
Il voudrait prouver par ces deux actions que la volonté et l’entraînement nous permettent de vivre comme tout un chacun. Que grâce à une hygiène et une discipline de vie, un diabétique peut être non seulement l’égal mais aussi meilleur que tout autre personne.”

 

rédaction : Carole Pipolo

photos : évasion sport by Charles et Fb de Maxime

 

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