Marathon de Paris « en live » pour Carole

Carole, reviens pour nous sur son aventure radiophonique lors du marathon de Paris 2013. Le récit est à son image, généreux et sincère…

L’avant Marathon de Paris 2013 !

Il était une fois un petit bout de bonne femme, MOI, Carole Clairement Bestial, qui, le 22 avril 2012 faisait son premier marathon, en ayant uniquement 60 km d’entraînement dans les baskets : quelques courses de 5 km sur bitume et un trail blanc et le petit parcours du trail du Ventoux.

Rien n’aurait pu supposer qu’en 2013, un dossard de marathon me fasse de l’œil puisque j’avais décidé de me consacrer à une saison uniquement trail (toujours d’actualité d’ailleurs). Tout commence par une copine Florence qui y participe et qui me demande  « allez ce serait cool  ». Mais il n’y avait plus de dossard et je dois dire que cela m’arrangeait finalement. Et voilà, 15 jours avant, un dossard s’agite devant mes pieds, eh oui, je l’avoue, je craque et c’est parti pour un week-end qui s’annonce riche en émotions, sous le nom d’emprunt de Laurent.

Évidemment, je n’ai pas fait de plan d’entraînement. 2 semaines avant, cela ne vaut pas la peine. J’ai juste 3 trails dans les jambes en un mois et demi, tous finisher. J’ai pelleté presque 170 tonnes de neige en 6 mois. J’ai 40 journées de ski à mon actif depuis décembre et quelques allers-retours au crêt de Chalam, mon sommet du Jura. Est-ce suffisant ? Pas de questions à se poser en tant que Carole, il n y’a pas de doute :  « ça va le faire » !

Et vlà ti pas qu’en répondant rapidement à Jean-Pierre Run Run, je me trouve en contact pour faire un reportage pour France Culture, pendant le marathon. Me voilà donc en face de Tony à 19 h 15 le vendredi, après 5 h d’autoroute, porte d’Italie, pour remplacer au pied levé Cécile Bertin. Nous discutons une bonne heure sur le thème du reportage et sur d’autres choses diverses et variées.

 

Me voilà donc au taquet à Running expo le samedi matin dès 11 h pour rencontrer Tony et l’équipe son pour quelques tests. Micros et enregistreur, tests volumes du son ; je couriote avec mon nouveau matos, mon nouveau compagnon de route du lendemain. Je suis à l’aise.

La journée se poursuit avec des rencontres du tonnerre, une rice party avec Vincent et Laurent, des poses photos avec Leslie, L’bagnard, Malcolm, Tony, Cécile, Nadia, Céline, Pascal, Nathalie, Luc, Charly. Je me gave de bonnes doses d’amitié, histoire de remplir mon cœur de bonheur pour 42, 195 km  et waouh, cela fait du bien.

Mon estimation, moins que 5 h !

Deuxième anecdote… mon dossard (enfin celui de Laurent) déposé la veille par Jean-Pierre à Leslie, ben est toujours chez Leslie, car elle est venue sur son stand avec le sien au lieu du mien ! Ouf que Tony est allé me le récupérer le soir. Soirée en demie teinte, pas le moral pour diverses choses et variées. Sylvère, mon pote, me réconforte comme il peut devant The Voice. Giuliana me coache via Facebook. Une nuit très courte et me voilà prête à 6 h 45, go to the RER. Je me prépare physiquement en enrubannant mes petits pieds fragiles et en strappant mon genou gauche : ça devrait le faire !

MARATHON DE PARIS : JOUR J

L’heure de trajet dans le métro est magique, je m’imprègne déjà des odeurs, des émotions et des regards des futurs marathonien(ne)s. Ca parlote, ca rigole, ca angoisse, ce sont des moments précieux de convivialité, tous dans le même bateau. Un petit détour sous le pied gauche de l’Arc de Triomphe pour croiser Leslie et d’autres que je ne verrais pas et je retrouve Philippe et Nathalie venus de Dreux pour moi et le marathon.

Rendez-vous devant le Fouquet’s avec Tony, Gilles et Laurent, l’équipe de choc. Et on m’installe le matos : un enregistreur au niveau de mon porte-bidons, un micro d’ambiance à la cheville droite, et le micro de prise de voix accroché au tee-shirt. Nous faisons les dernières vérifications. Ils me suivront et seront là pour changer les piles au 5e, 20e, 30e kilomètre et à l’arrivée. Je pars donc dans mon sas de 4 h 15, un sas ouvert à la sauvage… Je file mon sac à Tony, merci d’ailleurs, cela m’a permis de rester couverte le plus longtemps possible. Et me voilà serrée comme une saucisse au milieu d’environ 10 000 coureurs ! Le départ a été donné depuis plus de 30 minutes.

Récit outdoor du marathon de Paris de 2013.

Je me débrouille comme une grande, fais partir l’enregistreur et ajuste les micros

Les barrières disparaissent et laissent place à une corde qui nous lâche petit à petit. J’enjambe les sacs poubelles, les pulls, les survets, et j’en passe… Je verrais d’ailleurs plus loin des gens qui ramasseront des vêtements : ben oui les Champs se sont transformés en un Tati géant ! Ça y est ligne de départ passée, c’est parti pour, rappeler moi ? Un marathon ! Ah oui, j’avais un peu oublié que je courrais pour 42, 195 km !

Waouh, l’émotion du départ est, je dois dire, limite jouissive, tellement cette ambiance est forte. C’est inexplicable, il faut être dedans pour comprendre. Un coucou au Bagnard, à Pascal, Maëliz et Marie-Pierre ! Inconnue ou pas, je suis acclamée le long de la Concorde, jusqu’à Bastille. C’est fort, intense, magique. Je suis bien, bien dans mes baskets, bien dans mon micro, je parle, enfin je mets du son sur mes pensées. Les premiers 5 km, c’est plutôt la découverte d’un marathon de Paris où le monde est présent, voire trop présent à mon goût. Je me dis que le peloton va s’étioler, histoire d’être un peu plus « seule ».

Un arrêt de 4’22 pour changer les piles…

Jusqu’au 10 km, j’ai l’impression que tout roule. Je suis toujours derrière la flamme 4h 15, j’ai d’ailleurs de la peine à le croire. Je profite bien des ravitos et  je pense à mes loulous qui doivent être fiers de regarder leur maman à la télé. J’en oublie complètement le micro, à tel point qu’à l’entrée du bois de Vincennes pour la pause pipi, eh bien c’était laborieux ! Un peu plus et je grillais l’enregistreur !

Bois de Vincennes, j’ai kiffé ! J’ai une pensée pour mon Vince qui est derrière moi et j’espère qu’il est toujours debout. En un rien de temps, je retrouve l’équipe radio au 20e, après avoir failli me casser la binette dans toutes ses pelures d’oranges et de bananes par terre. Pause extra rapide de 3’50 et quel plaisir d’être encouragée et pas uniquement pour le défi radio, mais pour le marathon tout simplement.

Le semi est là, à portée de mains… 2 h 08 ! Yeppppp ! Et une pensée pour celui qui, je pense, est déjà arrivé, alors que moi il me reste encore une moitié. À cet instant, je pense à mon Grand-père qui n’a jamais pu être fier de moi dans mes courses, mais je sais que moi je suis fière d’être là, grâce à lui, qui m’a tout apporté, digne d’un père.

Les 10km sur les quais me foute un gros coup de bourdon. J’en ai assez de courir, des remontées de mauvaises pensés commencent à vouloir embrumer mon esprit. Je me retrouve de nouveau oppressée par ce trop de monde ! Et puis, cela devient bruyant. Il faut que je puise entre le 22 et le 25 dans les ressources mentales. J’aperçois la Tour Eiffel et je me souviens qu’à partir de là, il reste 12 km donc courage. Je me mets à suivre la ligne bleue du marathon de Paris et j’avance, j’avance. Non, je ne marcherais pas ; oui, je vais me booster.

Yeahh, pont de l’Alma, je vois Jean-Mi et les filles, cela fait du bien. Les quais se font plus étroits et les gens me stressent, mais ouf, ravitaillement en vue. Laurent est là, au bout de la table, dernier changement de piles, 4’12 d’arrêt. Je repense à Giuliana, et je dépose au pied de la tour Eiffel mon sac de tracas et de doute, je l’enfouis à la tour sud et je repars sereine sur le chemin du bois de Boulogne.

J’attends avec impatience le portail en bois de madrier que je me suis représenté au panneau 32 km. Il est hors de question que je marche comme tous ceux que je double. La montée n’est pas si rude, il ne faut pas exagérer et là, une pensée pour Juan et Olivier qui doivent être arrivés, d’ailleurs j’envoie un sms pour dire que moi, je suis dans les 10 derniers.  Je préfère courir sur les gravillons à droite que sur ces pavés qui me cassent le rythme.

Les Rolling Stone dans l’Ipod me boostent

Je n’en reviens pas, je cours toujours. Souvenir du marathon de Cracovie où à cette distance, je marchais, je pleurais, prête à abandonner. Une énorme pensée pour ceux qui courent en groupe ou avec la famille et les amis le long du parcours, je me rends compte que cela fait du bien d’avoir des encouragements en vrai, en live.

Moi, certes, je les ai eus sur Facebook, mais ce n’est pas pareil, cela n’a pas le même impact. Par contre, l’équipe radio et de voir leur visage n’est pas anodin au fait que j’avance et que je finirais. Et y’a mon doudou fennec, qui m’attend aussi à la maison, donc Go ! J’aurais eu mon camelbak, il aurait fait le marathon….

Les coureurs autour de moi me cassent les pieds, je ne supporte plus celui qui traîne les pieds, celle qui derrière moi a une respiration trop forte et celui qui vient de me dépasser et qui crache par terre. J’ai l’impression que les panneaux qui séparent les kilomètres sont longs, mais si longs. Mais zou, je me recentre sur ma respiration et youpi, il reste 4 kilomètres et là, un homme me nargue avec sa médaille et son tee-shirt, en hurlant  “ allez allez y en reste pas beaucoup pour avoir un tee-shirt pourri “. Je crois que j’aurais pu lui sauter dessue et l’étrangler….Bref, heureusement que le ravitaillement de Vannes est top et je m’enquille un verre de rouge et des fraises tagada et des bananes haribo, mais quelle bonne idée ! Je zappe le ravito officiel et l’arc de triomphe en vue au virage me fait déployer mes jambes. Ce n’est pas possible d’avoir une foulée comme ça après plus de 4 h 30 de course, mais où va-t-on chercher ces réserves là ?!!!

Les derniers 195 m, je les fais en pleurant, mélange de libération, de fatigue et de joie. J’exulte en passant cette ligne d’arrivée ! Le poing en l’air ! Je pense à tous ceux qui n’ont pas la possibilité de faire ce que je peux faire. Je pense à mes enfants. Je pense à plus rien, je me répète juste : ce n’est pas possible !

1 an de course et 2 marathons… Incroyable !

Je retrouve mes compères radiophones qui me félicitent et m’enlèvent la totale. J’espère avoir été à la hauteur de leur espérance et de leur projet. J’ai donc mis du son et de la voix sur chacune de mes pensées, j’ai rouspété, j’ai pleuré, j’ai douté, j’étais bien, j’ai pris du plaisir, j’ai pensé, repensé, et dépensé une énergie sans aucune gêne… Mélange intense de sensations et émotions diverses.

Je suis fière, fière de moi, fière de vous, de nous. Je rejoins Flo avec le dernier souffle de mon portable qui s’éteint….. Et je repars seule dans le métro direction Ivry, les sourires malgré la souffrance et l’épuisement prennent le dessus et l’ambiance est tout aussi bonne que le matin. Mais c’est une autre ambiance, l’ambiance de l’après, l’ambiance de “on n’a pas encore réalisé”. Retour dans mon Jura le même jour, arrivée vers 1h du mat, dans la neige, à -4 °. La transition est faite.

Un grand merci, évidement à tous ceux qui m’ont suivie. Merci à vos messages. Merci à Cécile, merci à Tony, Laurent et Gilles. Merci à ceux qui ont cru en moi. Et merci à moi, pour la force que je dégage parfois pour ce genre de défi…

Carole Clairement Bestial

Et vous, vous avez couru le marathon de Paris ? N’hésitez pas à nous partager votre expérience en commentaire !

Parce que l’émotion du sport n’est jamais mieux transmise que par ceux qui le vivent, retrouvez d’autres récits d’expériences outdoor.

Comme toujours, suivez toute l’actualité d’Outdoor and News sur Facebook et Instagram !

Un énorme merci à JEAN PIERRE RUN RUN pour cette itv

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *