Le Lozère Trail est un trail comme je les aime : authentique, sauvage et bien technique par endroits.
Pour la 2eme fois, je me suis donc aligné sur l’Ultra-Lozère , un ultra de 110Km qui a la particularité d’être en 2 parties : 56 Km et 3600m D+ le samedi et 53Km et 2700m D+ le dimanche avec possibilité d’une nuit en bivouac pour les traileurs. J’aime bien cette gestion de la course sur 2 jours. L’idéal ? Bien se placer dès le premier jour mais s’en se griller pour la suite. Facile sur le papier mais beaucoup plus hasardeux en réalité !
Samedi 8 Juin , 1ere partie de l’Ultra-Lozère :
8h, me voilà donc avec un peu plus de 200 autres coureurs sur la ligne de départ à Ste Enimie dans les majestueuses gorges du Tarn. Philippe Miquel, l’organisateur nous présente en quelques mots le parcours, sous un soleil rayonnant.
Après un rapide passage dans les ruelles pavées de ce magnifique village, direction le Causse de Sauveterre… Après l’effervescence du départ, le silence prend rapidement le relai parmi les traileurs et nous grimpons en file indienne cette première côte, passons sous des arches de pierre …
J’atteins le premier ravito dans le temps que je m’étais fixé en 9eme position. Je garde en tête qu’il ne faut surtout pas s’enflammer maintenant !
2eme côte et 1ere chûte !!! Tout va bien mais je repars un peu sonné. Je m’accroche aux concurrents devant moi. Je gère bien les montées. Le fameux pierrier dont nous a parlé Philippe au briefing arrive : c’est agréable de courir pendant ces quelques centaines de mètres sur ces petits rochers qui glissent sous les pieds ! On a l’impression de courir sur de la neige ou du sable (bon, avec le bruit en plus !)…Le 2eme ravito est là. Je commence à être dans le dur et je n’ai parcouru que 32Km. J’ai réussi à doubler le trio de traileurs avec lequel je courrais et je suis maintenant tout seul. J’attaque une grosse côte que je reconnais car j’avais eu beaucoup de mal il y a 2 ans. Là, je reste concentré, je ne m’affole pas. Il n’y a personne derrière ni devant. Je bascule sur Castelbouc soulagé mais bien fatigué et me fais reprendre par un concurrent. Le dernier ravito à Castelbouc, sublime petit hameau accroché à des parois rocheuses, est un calvaire : je n’arrive plus à manger. Je m’assois et j’ai vraiment du mal à repartir. Ma femme et mes enfants m’encouragent du mieux qu’ils peuvent et je repars en sachant que la côte qui m’attend est un véritable chemin de croix. Il est midi et le soleil tape fort ! Je monte vraiment lentement, je n’ai plus aucune force … Bizarrement personne ne me rattrape et cela m’aide à tenir psychologiquement. Je suis même obligé de m’allonger quelques minutes… Il me reste quelques kilomètres… Je repars et petit à petit mes forces reviennent… Nouvelle chûte à 5km de l’arrivée… Il est temps que ça s’arrête pour aujourd’hui ! J’entends enfin la musique et Stéphane Tailhades, le speaker : le mental revient enfin !!! Je termine, soulagé, en 8eme place en 6h43 min.
Avant de rejoindre le bivouac, je plonge directement mes jambes dans la rivière rafraîchissante et je mange une bonne glace ! Quelques heures de repos avec ma famille ne seront pas de trop avant d’attaquer la 2eme journée …
Le bivouac ….
Après un petit moment en famille, je prends la direction du fameux bivouac du Lozère Trail. N’ayant pas testé celui-ci il y a 2 ans, il était temps que je prépare mon duvet, mon maillot (oui oui !) et mes affaires de rechange pour tester cette partie là de l’épreuve.
Un passage aux douches bien chaudes du centre de pleine nature de Ste Enimie (et au Spa pour certains mais là franchement, je m’y serais endormi dedans…), direction les massages Suedosportifs proposés par Gaelle Le Corre et son équipe : un pur régal !!!
Je m’installe ensuite dans une tente Marabout avec 7 autres coureurs et me repose bien avant le repas car je sais que la nuit sera courte … Ce qui sera effectivement le cas en raison de la pluie et d’un début d’orage le dimanche matin ….
Les tentes marabout que se partagent des traileurs de tous horizons …
Dimanche 9 Juin , 2eme partie de l’Ultra-Lozère :
Le départ devait se faire en 2 vagues séparées de 15 minutes pour éviter un embouteillage dans la première montée mais en raison des nombreux abandons de la veille, il n’y aura finalement qu’un seul départ à 6h du mat’ au niveau du bivouac. Je décide de partir rapidement pour me placer dans le groupe de tête avant cette étroite montée sur le Causse Méjean. Il pleut et je suis déjà bien trempé lorsque j’arrive au premier ravito de la journée où ma famille m’annonce en 6eme position ! Cool !!! Les jambes vont bien. Je m’applique dans la descente suivante que je sais sauvage. On passe à coté des ruines d’un château avant de plonger vers St Chély du Tarn au fond des gorges du même nom. Il faut ensuite regrimper de l’autre côté de la vallée en direction de Cabrunas, lieu du 2eme ravitaillement. C’est la dernière grosse côte de la course et je ne dois pas me cramer. Je croise Virginie Govignon derrière son appareil photo… J’entends les cloches que mes enfants agitent au sommet de cette bosse et je serre les dents. J’arrive à leur hauteur et je suis toujours 6eme à 4 minutes du 5eme (Sébastien Buffart). Cette portion du tracé semble plus facile à présent mais en réalité elle est technique avec beaucoup de monotraces… L’orage gronde à nouveau et j’espère vraiment que les organisateurs ne vont pas neutraliser la course…. Mais en même temps, je ne suis pas hyper rassuré, à courir seul sur le Causse de Sauveterre au milieu des éclairs …Je fonce aussi vite que je peux sur Champerboux, lieu du dernier ravitaillement. Celui-ci est à l’intérieur d’une ancienne église : je décide de prendre quelques minutes et de manger un peu, à l’abri du déluge. Je suis toujours derrière Sébastien Buffart mais l’écart se resserre alors je repars remotivé. J’ essaie de mettre mon cerveau en off avec un peu d’auto-hypnose et j’arrive à le rattraper et même à le dépasser ! Mais, sans doute en raison de la fatigue accumulée, je trébuche et casse un bâton …. Grrrrr ! Je laisse filer mon adversaire et ne le reverrai plus jusqu’à l’arrivée à Chanac. Je croise une dernière fois mon assistance alors que je ne suis pas au mieux de ma forme. Je leur laisse mes bâtons devenus inutiles et file dans la dernière descente. Je me focalise sur le chrono car ce sont les temps additionnés des 2 étapes qui comptent. Je parcours la dernière descente à bloc (et encore une belle gamelle !) et passe la ligne d’arrivée en 6eme place en 6h07.
Les 2 étapes cumulées, je termine 6eme derrière des concurrents aguerris tels que Frédéric Desplanches ou encore Olivier Savoy et Sébastien Buffart.
Je suis réellement content d’être venu une 2eme fois fouler ces sentiers sauvages de la Lozère. Le parcours du Samedi sous le soleil a été une pure merveille de technicité et d’authenticité. Le bivouac était convivial et vraiment sympa à vivre. La deuxième étape, malgré l’orage, est variée et j’aime cette idée de gestion de la course en plusieurs parties.
Toute l’équipe de Philippe Miquel a été aux petits soins tout le weekend et je l’en remercie sincèrement. Tous ces passionnés donnent une dimension supplémentaire très authentique et sincère à ce magnifique tracé bien sauvage.
Récit : Julien CAZELLES
Crédit photos : Marie CAZELLES