La Valse : quand une ascension devient symphonie !

Il est 6 heures trente, nous sommes à l’entrée de la vallée du Vénéon. L’aube pointe au milieu de ces faces immenses.

Un seul regard avec Paul, nous savons où nous allons.

Les gestes se font machinaux, le sac sur le dos, les skis sur le sac. Nous y sommes, pas besoin de mot. L’ampleur de ce mur face à nous, dépasse n’importe quel adjectif. C’est saisissant, presque inconcevable.

Il est assez aisé de se projeter sur une partie de l’itinéraire mais pas dans son entièreté. 2000 mètres à monter, il faut partir doucement. Une des particularité du ski de pente raide, c’est qu’il faut être capable d’arriver en haut de l’itinéraire complètement frais, car c’est la descente qui sera dure pour les jambes.

Peu à peu, au rythme machinal des pas, de l’analyse de la neige, et de l’itinéraire, me vient dans la tête Chostakovitch et sa valse n°2. Elle résonne d’abord lointaine.

Plus nous avançons dans l’itinéraire, plus nous en mesurons l’ampleur. Toutefois dans mon cas, l’ampleur de chaque section vient de telle manière que je ne la conçois qu’à la place des autres sections.

Ainsi, sans pour autant en oublier l’itinéraire que nous devrons suivre, j’en oublie à travers mes gestes machinaux, les difficultés suivantes ou précédentes pour ne me concentrer que sur ce que nous vivons dans l’instant présent.

Un ami, nous parlait de zero mental. L’absence totale de pensée, l’attitude de fonctionnement machinal, instinctif, parfait.

Au fur et à mesure que nous progressons, dans ces couloirs, rampes, traversées, cet état prend de l’ampleur. Il s’anime, toujours autour de ce rythme de la valse n°2.

Elle s’intensifie, petit à petit, puis se relâche quelques instants autour du sommet. Comme si les pentes aux alentours, offrant des échappatoires au corps, offraient également des échappatoires à l’esprit. Les pensées reviennent pour une courte demi-heure.

Puis, vient le moment ou les skis sont enclenchés, les chaussures serrées, et on se met à glisser. Instantanément les spatules basculent au-devant de la pente, elles se retrouvent en l’air.

Chostakovitch revient de plus belle, les pensées fuient naturellement. Une seule chose subsiste, le ski. Toutes ces sensations assimilées depuis plusieurs années, et tout qui se délie au son de l’orchestre. La concentration augmente au fur et à mesure de la descente, l’intensité de ce son qui résonne dans ma tête également.

J’agis dans un état d’hyper concentration, pour que chaque virage soit aussi impeccable techniquement que possible. Chaque appui est réfléchi, concentrer, comme le musicien, appuyant au millimètre, afin de produire un son en harmonie avec le reste de l’orchestre.

Nous avançons ensemble, mais sans lien direct avec Paul, en harmonie. Notre concert durera 3 h 30. Au rythme de la descension qui résonne en nous.

Puis tout à coup, nous sommes en bas, il est temps de ranger les skis. Sans trop comprendre, cette harmonie disparaît, elle se noie dans une multitude de sentiments, souvent trop forts pour être appréciés à leur juste valeur.

Ils ressortent peu à peu distiller dans le quotidien des jours suivants. Tel un concert classique au milieu d’une cathédrale qui vous prend, vous transperce, vous transporte, vous projette, avant de vous laisser la, sur le parvis, à vous débrouiller au milieu de cette foule de sensations incroyables.

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