La Pierra Menta : course mythique de ski alpinisme qui se déroule dans le massif du Beaufortain, en Savoie. Chez les seniors, il s’agit d’un rendez-vous incontournable de la saison. Mais il existe aussi une catégorie permettant aux jeunes de venir découvrir le monde de la compétition : l’étape jeunes de la Pierra Menta. Nous avons donc rencontré deux jeunes sportives, qui sont venues à bout de ce parcours : 1 400 m de D+ pour une quinzaine de kilomètres.
Alors autant le dire tout de suite, une compétition en ski alpi’ c’est :
- du collant pipette ;
- des manipulations (enlever, mettre ou remettre les peaux et ou les skis) ;
- de l’entraide ;
- des descentes parfois avec de la neige de cinéma, parfois de la neige toute pourrie.
Cette année, la météo s’est montrée capricieuse au point d’éviter toute possibilité de monter très haut. C’est donc sur un parcours adapté que nos championnes se sont dépassées pour en finir en 3 h.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marie Joguet j’ai 17 ans, j’habite à Arêches en Savoie et je suis en Terminale au lycée Jean-Moulin à l’internat à Albertville, en spécialités Maths et SVT.
Je fais partie de l’option Montagne du lycée. Je suis aussi adhérente du Club Multisports Arêches Beaufort. Je pratique le ski de rando depuis l’âge de 10 ans. D’abord en famille, puis ensuite au CMSAB depuis 2017.
Je m’appelle Eva Bednarski, j’ai 17 ans et je suis élève en classe de première au lycée Jean Moulin à Albertville.
Je suis en quelque sorte une amoureuse du ski de rando et de la montagne. J’ai commencé cette discipline il y 4 ans, et depuis 3 ans je suis licenciée au CMSAB.
Comment est venue l’idée de participer à la course jeunes Pierra Menta ?
Cette course m’a toujours attirée. On allait encourager les membres de ma famille (William Bon-Mardion, Caroline et Jean-Marc Joguet…).
Le parcours des jeunes me semblait abordable et je ne voulais pas regretter plus tard en me disant que j’aurais quand même pu essayer. Surtout que c’était la dernière année où je pouvais participer en faisant le petit parcours.
Il s’agit d’une course mythique et je rêvais de pouvoir la courir un jour. D’autant plus que cette course se déroule à domicile. Quel meilleur terrain de jeu peut-on trouver pour commencer en compétition?
Comment s’est décidée l’association avec ta partenaire ?
C’est Eva qui m’a proposé ce projet un peu fou. Normalement nous aurions du la courir l’an passé, mais la situation a fait que la course a été annulée.
Avec Marie, nous avons une expérience commune de bénévoles sur la Pierra, il était donc logique de passer de l’autre côté. Je lui ai donc demandé, et sans trop réfléchir elle a accepté.
Cela fait longtemps que vous vous connaissez ?
On se connaît depuis le collège. Même si nous ne sommes pas de la même année, Beaufort reste un petit établissement où tout le monde se connaît. Les liens se sont réellement tissés au club de ski.
L'entraînement pour l'étape jeunes de la Pierra Menta, c'est difficile ?
Avec le Club, on s’entraîne en général une fois le week-end et pendant les vacances ça varie entre deux à quatre sorties max en fonction des disponibilités, de la météo…
Pour la course Pierra Menta de cette année, ça s’est vraiment décidé tard parce qu’on ne l’avait pas vraiment prévu et j’ai dû motiver Eva qui appréhendait un peu.
Donc je me suis un peu entraînée toute seule, surtout pendant les vacances. J’ai donc fait quelques sorties en essayant de m’habituer aux manips rapides. Il faut également savoir enchaîner plusieurs montées/descentes. J’ai donc fractionné, sur les conseils de mon oncle, mais pas des sorties très conséquentes, jamais plus de 1 000 m de D+. En général c’était des sorties assez courtes car c’est dur de se motiver toute seule.
Nous concernant, nous avons seulement un entraînement le week-end avec le club. Nous partions donc avec un désavantage par rapport aux autres coureurs qui disposent de plages d’entraînement plus conséquentes. Mais au lycée, l’option montagne permet de travailler le trail. Les deux disciplines sont assez complémentaires. En réalité, même avec un seul entraînement de ski dans la semaine, c’est possible de la faire quand la volonté et l’envie sont présentes.
Envisages-tu de la refaire ?
J’aimerai beaucoup. Néanmoins, pour la refaire, il faudrait que je m’entraîne quand même un peu plus. Si j’y parviens, ça me plairait beaucoup de recommencer, rien que pour l’ambiance. Même si cette année, ce n’était pas vraiment comme d’habitude.
Oui, je suis complètement partante!
Que retiendras-tu de cette course de ski alpinisme ?
C’était une étape jeunes de la Pierra Menta assez spéciale étant donné le contexte actuel avec moins de spectateurs et de coureurs. Malgré tout ça, il s’agissait de ma première PM. Alors malgré la difficulté, pour moi c’était une journée super excitante et une des plus belles sorties que j’ai faites.
C’était une expérience inoubliable, riche en émotions qui n’a fait que renforcer nos liens avec Marie et cet esprit de cohésion qui a pris tout son sens sur cette course.
Peux-tu raconter ta Pierra Menta ?
C’était la première vraie course de ce type que je faisais, tant en longueur qu’en dénivelé. Le fait que ce soit par équipe, c’était également quelque chose de complètement nouveau pour moi. Alors forcément elle restera gravée dans ma mémoire comme une super expérience. Il faut souligner que je descends moins bien que je ne monte.
Avoir sa coéquipière tout au long de la course, c’était rassurant, parce que finalement nous sommes complémentaires : nos points forts et faibles sont opposés. Cette entraide a permis de nous booster tour à tour !
La première montée a été assez compliquée, sensations que mes capacités étaient réduites. Je n’étais pas dans un bon rythme. Mais une fois la première montée passée, les forces sont revenues en même temps que le sourire. Ma coéquipière était là pour moi et elle m’a soutenue tout le long sans jamais s’énerver ou râler. En revanche, Marie avait plus de mal lors des descentes. Je prenais donc le lead, et l’encourageais tout comme elle l’a fait pour moi. Même si l’effort était intense, on n’a jamais perdu un de nos objectifs qui était de se faire plaisir en faisant cette course. Finalement, c’est une réussite et une satisfaction pour nous de dire que nous avons fait la Pierra. C’est une expérience que nous avons hâte de revivre en espérant de meilleures conditions sanitaires et de pouvoir faire cette course au format habituel, sur deux jours.