Jean-Luc LAGOUTTE, 6 majors, un seul homme !

PORTRAIT  de JEAN-LUC LAGOUTTE

–          50 ans

–          Key Account Manager dans les loisirs (Wonderbox/Coffrets Cadeaux) auparavant dans l’édition musicale

–          Passion course à pied, un des 35 français Finisher du World 6 Marathon Majors

–          Autres sports pratiqués : Trail /Cyclisme / Ski / Snowboard

–          Qualités : Altruiste et empathique

–          Défaut : Exigeant

–          Rituel :

–          Shoes préférées : NEW BALANCE 998 Made in USA

 « Le sport m’apaise sur la vie en quelque sorte, il me permet de relativiser, à méditer, que je me connaisse mieux et que je m’améliore. Il te permet de prendre du recul sur ce qui t’entoure, d’être plus fort mentalement. Le Running te fait avancer dans l’âge de manière beaucoup plus simple »

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SON HISTOIRE :

Pendant longtemps j’ai été un Runner du dimanche, comme des millions de français. Je courais une fois par semaine, dans la nature, simplement pour me sentir bien. Et puis, comme souvent dans la vie, c’est le hasard des rencontres qui a totalement transformé ma conception de la course à pied et qui en a fait quelque chose de fondamental, presque vital pour moi.

La première de ces rencontres déterminantes, c’est celle que j’ai faite en 1991, quand j’ai fait la connaissance du grand-père de mon ex-femme. Grâce à lui j’ai découvert que courir pouvait prendre une toute autre dimension pour moi, beaucoup plus importante et porteuse de sens. Ce vieux monsieur de 80 ans courait encore les 100km de Millau et avait porté la flamme olympique, c’est lui qui m’a initié à la course à pied et qui m’a inscrit à ma première course. Il m’a fait cadeau de sa passion et m’a donné le goût du marathon. La course à pied est alors devenue fondamentale pour moi, je courais pour me faire du bien, me dépenser, pour garder la santé, être vraiment vivant ! Le running m’apportait de la sérénité, de la sagesse, de l’humilité et m’aidait à prendre de la hauteur sur ma vie.

Je me suis mis à courir de plus en plus, en solitaire, mais au bout d’un certain temps j’ai compris que si je voulais progresser, j’avais besoin d’être coaché par de vrais professionnels qui me permettraient de m’entraîner plus et surtout beaucoup mieux.

J’ai alors fait 3 nouvelles rencontres, 3 coaches, qui ont changé la donne pour moi : Carmen Oliveiras, Jean de Latour et Jean Jacques Minne et je veux profiter de cette tribune pour leur rendre hommage. Ils m’ont appris les fondamentaux de la course à pied que je pensais à tort maîtriser lorsque j’étais un runner occasionnel, ils m’ont permis de comprendre l’importance de la patience, de l’écoute et de la persévérance dans le running. Carmen (mon coach depuis plus de 3 ans) a joué un rôle déterminant dans cette approche. Je suis passé de 2 à 3, 4 et puis 5 séances hebdomadaires. « La volonté de gagner ne signifie rien sans la volonté de se préparer » Carmen ma coach a été là pour m’apprendre cela. Grâce à elle, j’ai compris l’importance de la préparation physique, de la diététique, de la gestion des efforts en préparation et en course. Elle m’a appris quoi faire pour être prêt au bon moment, en élaborant des plans personnalisés, elle a su aussi m’écouter et me soutenir dans les moments difficiles que j’ai traversés à titre personnel.

En m’appuyant sur ma détermination et sur l’accompagnement de ma coach, j’ai multiplié les moments forts liés au running et cela a commencé à rythmer ma vie. J’ai d’abord gagné une course de quartier organisée à Paris par Amnesty International, puis j’ai réalisé mon premier marathon à Paris en 4h ! J’ai refait Paris 5 fois après, je connais bien le parcours ! Et c’est après avoir couru 6 fois le marathon de Paris qu’une idée un peu folle mais surtout très motivante m’est venue.

J’ai pris conscience que j’adorais 2 choses dans la vie, la course à pied et les voyages, mais que je faisais toujours l’un ou l’autre. J’ai alors décidé de réunir ces 2 pans de ma vie pour voyager grâce au running, et je me suis fixé l’objectif de réaliser les 6 marathons majeurs à travers le monde : Londres, Berlin, New-York, Chicago, Boston et Tokyo, le WORLD MARATHON MAJORS ! J’ai donc entrepris de courir les Six Majors Marathons, un objectif majeur dans ma vie, un véritable eldorado dans ma passion extrême de la course à pied. Je me suis rendu compte de l’énorme dimension de ce défi quand j’ai constaté que moins de 20 français avaient déjà réalisé ce challenge, pour des raisons de temps à consacrer, de budget à rassembler, de préparation à mettre en œuvre et surtout de motivation à aller puiser. Et paradoxalement, je ne considère pas que ce que j’ai réalisé est véritablement transcendant, c’est simplement une façon originale et enthousiasmante de concrétiser la passion, ma passion pour le running.

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Et ce projet était aussi l’occasion de mettre en application un adage de Gandhi qui disait « la force ne vient pas des capacités physiques, elle vient d’une volonté invincible ». Réaliser les 6 marathons Majeurs à travers le monde serait donc pour moi l’occasion de tester et de repousser les limites de ma volonté.

 Je me suis donc lancé dans la préparation de mon premier marathon, celui de Londres, à partir de fin 2012. Ma coach m’a concocté un vrai plan d’entraînement spécifique qui montait en charge et en pression au fil des semaines, ceci afin d’être prêt au bon moment, physiquement et surtout mentalement, et s’aligner au départ au pic de sa forme. Une préparation physique complémentaire pour renforcer mon corps et absorber les 42,195km sans encombre, faire attention à ma nutrition avec les conseils de ma compagne Corinne Peirano diététicienne experte et Ultra-Traileuse. A l’occasion de ce premier marathon à l’étranger, j’ai vraiment pris conscience que chaque aspect de ma préparation était crucial pour que cette expérience ne vire pas au cauchemar.

Et puis le marathon de Londres est arrivé.

Londres, la fête ! De ce marathon, c’est surtout l’ambiance incroyable que je retiens, la plus forte de tous les marathons auxquels j’ai participé ! Imaginez, il y a plus de spectateurs tout au long du parcours que de runners ! En plus nous étions en 2013 et le marathon avait lieu au lendemain de l’attentat de Boston. Il régnait un climat très particulier au départ au moment de la minute de silence, nous avions tous un petit ruban noir accroché au dossard, j’accompagnais un ami qui courait son premier marathon. On s’est enlacé sur la ligne d’arrivée. Il n’était pas du tout sportif auparavant et désormais c’était un mordu de running ! J’avais commencé à transmettre à mon tour le virus si positif et euphorisant de la course à pied !

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Et puis, dans la foulée de Londres, j’ai entamé ma préparation pour New-York. NYC : Le plus grandiose, Le marathon mythique, un froid glacial, -10C° par rapport à la veille, un départ majestueux sur le pont de Verrazano entouré d’hélicoptères en statique, un son impressionnant ! Des pancartes plus fun les unes que les autres sur le parcours comme ‘Run like you stole something’. Et puis à titre personnel, je sentais que ma pratique intensive portait ses fruits et c’était une immense satisfaction. J’ai moins souffert à NY qu’à Londres ou à Paris et j’ai amélioré mon temps de plusieurs minutes malgré un parcours et des conditions météo très difficiles.

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 En 2014, le programme des festivités était Tokyo puis Berlin.

Tokyo, L’isolement. Comme vous pouvez vous en douter, a été le plus étonnant des 6 marathons. Je n’avais jamais été dans ce pays et j’y ai expérimenté la solitude extrême de l’occidental plongé dans un univers totalement étranger, exactement comme Bill Murray dans Lost in Translation. Un ami avec qui je devais faire ce voyage et ce marathon s’est blessé quelques semaines avant la course, je suis donc parti seul, j’ai ressenti de la solitude. Même lors d’un jour de fête comme celui du marathon, j’ai eu la sensation de traverser une ville un peu morte, sans ambiance sur le parcours, avec un public presque silencieux, un silence qui perturbe. Ce marathon a été très pauvre en émotions du fait de mon isolement, cela m’a vraiment confirmé que le running n’est pas pour moi une expérience solitaire mais au contraire un sport qui ne prend son sens que s’il est partagé avec des proches ou des inconnus. Autre déception pour quelqu’un comme moi qui adore les nouvelles technologies et les innovations en tout genre, je pensais débarquer dans la caverne d’Ali Baba à Tokyo mais le village de la course ne présentait aucun intérêt, rien de nouveau ni d’original, que du copier-coller de ce que je connaissais depuis longtemps.

Pour moi, le marathon de Tokyo, dernier entrant dans les Majors Marathons, a encore beaucoup à apprendre ! Au positif, je noterais cependant qu’il s’agit du seul marathon majeur qui fait passer les runners par tous les plus beaux sites de la ville. J’ai donc pu profiter de cette aventure pour véritablement réaliser mon objectif initial, faire en même temps du running et un voyage !

Dès mon retour à Paris, Berlin s’est présenté à l’horizon.

Berlin, la machine à records! De même que Tokyo et le Japon ne m’ont pas étonné, ce marathon a lui aussi parfaitement incarné l’esprit et l’efficacité germanique. Un parcours très rapide, une organisation irréprochable, une ville superbe. Mon premier marathon à 3h15, un cap de franchi et la poursuite de mes progrès sportifs grâce à une nouvelle préparation gérée par ma coach, axée sur le renforcement musculaire. 2014 étant conclu de belle manière, j’étais prêt à aborder mes 2 derniers marathons majeurs pour 2015 : Boston puis Chicago !

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Boston : Le patriotisme américain, le plus fort émotionnellement, course marquée par le côté militant, plusieurs endroits me restent en mémoire comme ce banc près de la Finish Line qui rappelle toute l’année que le running est plus fort que l’extrémisme religieux et qu’il rassemble plus qu’il ne divise. Boston, la ville Marathon historique, un temps à ne pas mettre un chien dehors, pluie battante, froid, vent ! Et pourtant un de mes meilleurs souvenirs malgré une  ampoule survenue au semi.

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Chicago, ‘Last but not least’, la plus belle ville : Le dernier en date et paradoxalement le plus dur pour moi. Pas au top moralement. Carmen m’a boosté, a su trouver les mots. Un soleil de plomb, une organisation top au marathon expo, un retrait des dossards ultra rapide, ton dossard t’attend au comptoir, il est sorti dès que tu t’es présenté au premier guichet. Je crois que j’étais encore marqué par mon expérience trop solitaire à Tokyo et j’avais besoin de communiquer et de partager encore plus qu’avant. Un inconnu m’a justement abordé sur la ligne de départ et c’est cette relation nouée en pleine course qui me restera de ce marathon. Je ne sais pas pourquoi je lui ai raconté mes problèmes en courant, j’ai quasiment couru 30km avec lui qui m’a dit ‘oublie tes soucis pendant quelques heures ! Concentre-toi sur ta course !’

Courir à côté d’un inconnu et vivre des choses très fortes ensemble, c’est aussi ça la course à pied ! Je l’ai écouté et lâché vers le 30ème, il avait une excuse, il avait couru Berlin 15j auparavant !!!J’avais un vrai plan de course, une maîtrise totale de ma course, j’analysais chaque tronçon, chaque moment difficile. Chicago a été un véritable bouillon d’émotions pour moi, l’occasion de battre mon record personnel, d’évacuer mes problèmes personnels en tournant la page d’une relation amoureuse, et un aboutissement, ce marathon me permettant de boucler l’objectif que je m’étais fixé 3 ans plus tôt.

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Suite à cette aventure en 6 actes, on me pose toujours une multitude de questions sur chacun de ces marathons. Celles qui reviennent le plus souvent sont :

– Quel était le plus dur ? Boston je pense

– Quel est celui qui t’a le plus marqué ? : Londres et son ambiance de dingue

– Quel est celui que tu referais ? NYC parce que c’est magique, grandiose, tout est dans la démesure

– Quel était le plus roulant ? Chicago

– Pourquoi les 6 Majors ? Peu de gens les ont réalisés et j’aime ce genre de défi

– Ah Paris n’est pas dans les 6 ??? A ce sujet, je ne sais pas qui a le pouvoir de faire rentrer un marathon dans le club très fermé des majeurs mais si les pouvoirs publics et les sponsors du marathon de Paris parvenaient ensemble à en faire le 7ème marathon majeur, je suis convaincu que cela générerait un engouement énorme des français et que beaucoup d’entre eux se lanceraient à leur tour le défi que seuls 23 français ont à ce jour réalisé.

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Pour continuer dans le registre des suggestions, je pense que si un sponsor avait la bonne idée de lancer un concours pour faire gagner un package permettant de participer aux 6, et bientôt 7, les marathons majeurs, ce sponsor en retirerait certainement une grande notoriété et de multiples leviers de valorisation.

CONCLUSION : 

La suite de mon parcours… Les défis suivants ont été le marathon de Rotterdam en avril 2016, le marathon du Mont-Blanc en juin, l’UT4M Vercors en août, le Trail ça me plait bien J, j’ai fait podium en V2H sur l’UT4M. A suivre ! De nombreuses courses à venir, Les classiques Paris-Versailles, Marseille-Cassis, Le marathon de Munich et des projets plein la tête dont je vous parlerais bientôt.

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 Vous vous souvenez de ce vieux papy qui courait le 100km de Millau à 80 ans et bien j’aimerais être lui et m’aligner à mon tour sur un marathon au même âge ! Ce serait L’aventure « de mes rêves ». Un marathon ça change ta vie à jamais’, c’est toute l’histoire de ta vie qui défile en quelques heures

Ces marathons m’ont appris beaucoup, des lieux extra sportifs également, d’humanité et de solidarité. Ce que vous avez reçu de pleins de coureurs anonymes, ça vous donne envie de le donner à votre tour, ça vous relie fondamentalement à plein de gens.

Continuer à progresser passe par mieux se connaître, écouter son corps, se motiver par de nouveaux challenges, s’inscrire à des courses qui vont rythmer ton année, ne jamais se décourager, les blessures font partie de la vie d’un Runner, elles t’alertent sur un entraînement qui n’est pas adapté, du matériel qui ne te convient pas, elles te remettent à ta place

La Course à Pied, ce Sport Incroyable m’apaise sur la vie en quelque sorte, il me permet de relativiser, de méditer, que je me connaisse mieux et que je m’améliore. Il te permet de prendre du recul sur ce qui t’entoure, d’être plus fort mentalement. Le Running te fait avancer dans l’âge de manière beaucoup plus simple.

Une phrase de Gandhi que je retiens : « Comment peut-on apprendre à se connaître ? Par la méditation, jamais, mais bien par l’action » ou bien celle de Heywood Hale Broun ‘Le sport ne forge pas le caractère, il le révèle’

Je ne suis pas un surhomme, je pense que l’on s’en donne les moyens (humains, financiers), en ayant confiance en soi, en y croyant, en osant tout le monde peut réaliser son rêve, moi c’était courir les 6 majors… Et vous?

 

 

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