« Courir avec le cœur pour atteindre des sommets » : entretien avec Jack Desille, un ultra traileur runner extrême.
Bonjour Jack Desille, merci de nous accorder cet entretien. Tout d’abord, je propose de te présenter.
Bonjour Carlos. Jack, 56 ans, Franco-Belge originaire d’Aix en Provence, je suis marié avec Laetitia (belge) et j’ai deux filles. Je suis un ex-marin pompier et je réside en Belgique sur la côte à La Panne. Je travaille comme infirmier intermittent brancardier et deux fois par semaine je m’occupe de personnes âgées dans un EHPAD. Afin de leur permettre de mieux vivre, je leur fais faire des balades et un peu de sport.
Comment te définis-tu : triathlète, traileur, sportif de l’extrême ou tout simplement coureur ?
Je te répondrai athlète ultra traileur, mais comme je fais des défis de fou sur des distances de plus de 500km, on pourrait plutôt l’interpréter comme ultra traileur runner extrême.
« … donner de nous-mêmes pour une bonne cause … »
Quel est ton programme hebdomadaire d’entrainement ?
Je n’ai pas de charge d’entrainement, je fais mes sorties comme je le pense, en fonction de mon temps et de ma vie de famille..
Vaincre Parkinson est une association qui te tient à cœur, pourquoi ?
Ça c’est une bonne question, ma grand-mère est décédée de cette maladie et je travaille avec des personnes âgées qui l’ont également contractée. J’ai contacté le président de l’association Vaincre Parkinson pour lui expliquer mon projet de faire 1 200 km sur une boucle entre La Panne et Knokke pendant 12 jours et nous sommes tombés d’accord.
Nous athlètes nous sommes en bonne santé, donc pourquoi ne pas donner de nous-mêmes pour une bonne cause.
À part les bières, je ne connais pas la Belgique, c’est plat ?
Détrompe-toi Carlos, la Belgique n’est pas aussi plate que l’on pense, dans les Flandres c’est plutôt plat, vers Bruxelles c’est vallonné, mais dans les Ardennes il y a du D+, c’est le terrain de jeu des traileurs.
D’où t’est venue l’idée de ton dernier défi kilométrique ?
J’ai réalisé plusieurs défis depuis le confinement du mois de mars, je réside dans un bâtiment où il y a 10 étages. J’ai fait deux marathons et un semi-marathon dans les escaliers. J’ai couru également deux fois 100 km sur un parcours dans la résidence et 75 km autour de la commune de La Panne (20 km le tour) et fin mai je me suis lancé un autre défi de 235 km qui était de partir de La Panne via la ville de Namur.
Avec une majorité de compétitions annulées, en juillet, j’ai mis la barre plus haute : 386 km entre Libramont (qui se trouve en Ardenne belge) jusqu’à La Panne. Et donc pour finir, mon dernier défi en date : les fameux 1 200 km de la côte belge ou j’ai le record de la distance car jamais effectuée.
En référence au livre Born to run, es-tu d’accord que courir fait partie de notre instinct d’être humain ?
Courir est à la fois une hérésie et pas du tout. Si on reprend l’histoire de l’ère humaine, l’homme à ses débuts était un chasseur. En Afrique de l’Ouest, il avait la nécessité de courir et de se déplacer pour tuer des animaux et parfois leur échapper.
Comment connais-tu Outdoor and News ?
Je connais OAN par les réseaux sociaux comme Facebook, par l’association Vaincre Parkinson et par d’autres traileurs.
Manges-tu beaucoup de frites, ou suis-tu un régime alimentaire strict ?
Pour te dire franchement je mange très peu de frites, je mange normalement de tout comme tout le monde. Si j’ai une grosse compétition, dans ce cas je me prive une semaine pour manger un peu plus de fibres et de protéines. A vrai dire, je n’ai pas de régime spécifique.
« … être en alerte permanente et à l’écoute de son corps … »
Quel est ton prochain défi ?
J’ai plusieurs projets : le premier sera à La Panne, 24h d’escaliers sur une montée de 100m. Un autre qui n’est pas encore programmé, cela sera 24h de D + sur une distance de 1,06km à Dinant et pour terminer, le GR20.
Selon toi quelles facultés faut-il pour courir autant et si longtemps ?
Pour les facultés, je pense qu’il n’y en a pas, mais avoir une bonne préparation mentale et être zen en toutes circonstances est essentiel.
Quand je pars pour du long, je ne me pose pas la question, si je veux allez jusqu’au bout le principal c’est d’être en alerte permanente et à l’écoute de son corps. Le but est de ne pas avoir de blessure grave qui peut nous handicaper à long terme. Je pense que chacun doit savoir ce qu’il est capable de faire ou pas. Pour ma part, j’ai fait mon choix de vie pour aller plus loin et développer où mon corps peut aller.
Ta citation préférée ?
Je crois que toute souffrance est causée par l’ignorance.
Le mot de la fin qui te définit le plus.
Je n’ai pas de mots pour me définir, ce que je peux dire, c’est que l’on ne peut pas s’identifier à quelqu’un d’autre, avant tout on doit se connaitre déjà soi-même.
Merci beaucoup Jack Desille d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Si vous voulez soutenir Jack dans ses nouveaux défis, n’hésitez pas à le contacter par Messenger ou au travers de sa page Facebook.
Rédaction : Carlos
Crédit photos : L. DESILLE
Envie de découvrir d’autres interviews de personnalités du monde outdoor ? N’hésitez pas à consulter notre rubrique « À la rencontre de ».
Vous ne voulez rien raté de l’actualité des sports outdoor ? Abonnez-vous à notre page Facebook.