Nous sommes allés à la rencontre de sportifs outdoor afin qu’ils nous parlent de leur pratique sportive, mais aussi pour savoir comment il la perçoive dans la société. Dans cet article, retrouvez l’interview de Florent Beaufils, allias Flowhynot, l’illustraileur et Ultra designer breton.
À 36 ans, Florent Beaufils est un homme comblé. D’abord sur le plan personnel, il est papa de deux petites filles Ambre et Inès, et en couple depuis 20 ans. Il l’est aussi professionnellement, en tant que directeur artistique et designer freelance. L’habitant de Saint-Briac sur Mer (Bretagne) est également bien dans ses baskets et se régale depuis près de trois années sur les sentiers. Arrivé de « nulle part » avec son short à fleurs, il a vite performé et reste celui qu’il a toujours été.
Du rectangle vert au 104 km du Menestrail
Pendant 15 ans, Florent Beaufils pratique le football et occupe le poste de gardien de but, mais déjà ses capacités physiques sont singulières. « J’étais souvent devant lors des tests physiques de début de saison, mais sinon le reste de l’année je ne courrais pas beaucoup. » se souvient l’ancien gardien du Stade Briacin et de l’US Saint Malo.
Après un break de quelques années pour s’occuper de ses deux filles, le breton se décide à reprendre le sport. « Le goût de la compétition me manquait sans doute un peu aussi. Je ne voulais pas retourner dans l’univers du foot, car j’étais « cramé ». Mais aussi parce que je n’étais plus en phase avec certaines mentalités que j’ai pu voir. Même si j’aime toujours ce sport par ailleurs. Je me suis donc dit “qu’est ce que tu peux faire ?” ».
C’est donc vers la course à pied qu’il se tourne et après quelques sorties baskets et short à fleurs, il se fixe des objectifs sur route jusqu’au marathon, puis il découvre le trail. « J’ai découvert le trail lors de la participation d’un ami à La Diagonale des Fous. Pendant que tout le monde disait qu’il était fou, moi, ça m’a fait rêver. Le lendemain, je m’inscrivais sur un trail de 54 km (Le Grand Ménestrail, Côte d’Armor) sans savoir ce qu’était vraiment le trail. Pour moi, c’était une course nature sympa, certes un peu longue, mais sympa dans les sous bois chantants d’une forêt. Je n’ai pas été déçu ! » se rappelle le traileur.
Fier de cette première expérience trail sur du long, il poursuit pendant une année. Et c’est sur le même événement, un an plus tard, qu’il vit l’un de ses meilleurs instants sportifs : le 104 km du Menestrail. Il se présente sur la ligne « juste pour voir, essayer de finir, et obtenir les points nécessaires à ma participation au Grand Raid. ». Il finit finalement 3e.
Aujourd’hui, Flowhynot ne regrette pas d’avoir troqué ses crampons pour les runnings, car « en 2 années de trail, j’ai fait plus de rencontres qu’en 15 ans de football. ».
Flowhynot : le coureur aux foulées design
Pluridisciplinaire dans son métier et sa pratique, le designer à tout de même ses préférences. « Dans mon métier, j’évolue aussi bien sur le digital, que le print, que l’illustration. Même si à terme c’est sur ce dernier aspect que j’aimerai me concentrer. » Et pour la course à pied, « j’ai fait des trails de 50-60 km comme des 10 km sur route. Ça n’était pas très structuré. Mais je pense aussi que d’évoluer sur tous ces domaines est un des facteurs qui a fait que j’ai vite progressé, entre autres. Mais aujourd’hui, je me spécialise dans l’Ultra » explique-t-il, car la diversité des paysages et la gestion de l’effort l’attirent plus.
« La course à pied m’a donné confiance en moi »
Lui, comme beaucoup d’autres, doit jongler entre sa vie familiale, professionnelle et ses loisirs, ce qui n’est pas toujours évident. « J’ai l’habitude de dire que ma vie est un puzzle ». Un puzzle à harmoniser chaque jour et pour chaque plaisir de la vie, mais comme il le dit si bien, « les journées ne font que 24 heures ».
Alors pour lui, la course à pied « est devenue un mode de vie ». Bien plus que cela, cette pratique lui a permis de prendre conscience de ses qualités. « N’ayant pas une confiance en moi innée, cette discipline m’a endurci et m’a prouvé que je pouvais réaliser des choses. ». Il explique que ses deux axes de travail sont le fait de se canaliser lors d’une course et le travail sur la confiance en soi qui est perpétuelle.
Un œil vers le trail et sa professionnalisation
Arrivé il y a peu dans l’univers trail, celui de la course à pied en nature, le breton apporte sa vision du sport en toute modestie. « Je suis plutôt de la tranche qui pense que ce sport doit se développer, notamment au niveau médiatique et des moyens. J’entends le discours de l’esprit trail, mais je crois aussi qu’au vu du développement du trail depuis quelques années, il faut qu’il se “professionnalise” un minimum. C’est un sport qui engendre un énorme entraînement, parfois des sacrifices et je pense que les athlètes devraient être rémunérés, ou à minima recevoir des aides à la hauteur de leurs efforts, ce qui peut être le cas dans d’autres sports. » explique Flowhynot avec à l’esprit le souvenir de l’arrivée mythique de François D’Haene et Benoît Girondel main dans la main à la Diagonale de 2018.
Destination Le Grand Raid de La Réunion
Lors de sa première année complète de trail, il fait forte impression avec son short à fleurs et se classe 5e du challenge Ouest Trail Tour (7 épreuves de trails longs de 50 à 65 km en Bretagne) ce qui le qualifie pour La Diagonale des Fous 2020 (reporté en 2021). Mais après 23 courses en 2019 et une année presque blanche en 2020, l’épuisement physique et mental l’ont mené à un résonnement simple mais qu’il fallait opérer pour mieux rebondir. Pour 2021, il s’est construit un planning avec l’objectif Diagonale des Fous en point de mire. Il devrait s’aligner sur l’Ultra Trail des Côtes d’Armor en trio, le MIUT, l’Ultra de Haute Provence et d’autres événements pour se présenter sur les sentiers de La Réunion en octobre prochain..
Professionnellement, ses ambitions sont toutes aussi élevées, « développer mon activité, et augmenter mon nombre de projets dans l’univers outdoor. ». Et son univers est unique !
Je vous invite à vous rendre sur Insta pour voir le travail de Flowhynot, car c’est un travail très singulier qui mérite d’être mis en lumière.
Rédaction : Julien Frenoy
Photographies : Flowhynot et EyesandtrailTV
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