A l’instar de Rasta Rocket, bien connu de tous, Samir Azzimani alias Couscous Rocket, surnommé comme cela par ses amis de salle de musculation du stade Yves du Manoir à Colombes, a une ambition : se qualifier pour les JO hiver de 2018 en ski de fond.
Oudoorandnews vous présente ce sportif marocain de 39 ans, volontaire et déterminé. Une interview où il se livre et nous émeut :
un seul mot d’ordre après cette lecture : l’encourager et l’aider à concrétiser cette aventure !
Nom : Samir Azzimani (Couscousrocket) ou samsam pour les potes
Profession : j’ai l’âge de continuer à rêver et je suis a la fois prof de ski aspirant, chauffeur VTC, animateur bafa, Entrepreneur-manager.
Une qualité : je suis gentil (c’est ma mère qui le dit),
Un défaut : je suis trop gentil (c’est ma mère qui le dit aussi),
Un rituel en “course” : c’est toujours d’aller faire un tour dans les WC les plus proches de la course 🙂
Mes skis préférés : en fond j’en ai pas, mais en alpin c’est incontestablement les Cham 107 de Dynastar, tu passes partout en poudre avec ça c’est top et Les V3 Salomon de 2010 (version petite série), mes ski des JO. !
Si tu devais en quelques phrases dire aux gens comment tu en es arrivé là ? Ta famille, tes études ? des aides ?
Au départ, le ski n’était vraiment pas destiné à être ma passion. Tout allait à son encontre. Mon milieu social tout d’abord. Ma famille était si modeste. Nous vivions à Neuilly sur Seine dans une chambre de bonne à 6, mais un jour, je me suis retrouvé placé à 5 ans et demi dans une pension/internat géré par des religieuses et des éducatrices de la DASS, ça s’appelait la « Quenessen ».
Tout a commencé un jour, forcément… Peux-tu me raconter ta passion du sport et comment en être venu à cette discipline qu’est le ski alpin ?
Le ski, je l’ai découvert que par hasard en colonie de vacance, grâce aux services sociaux de la ville.
Mais ne vous y méprenez pas, au début j’ai haï ce sport. J’étais si mal équipé…. mes gants en laine, les chaussettes et le pantalon trempé ont fait que j’étais congelé à chaque sortie. De plus au début, les animateurs nous faisaient faire plus de la luge que du ski. Et quand on chaussait, c’était pour glisser sur le plat ou alors, faire des aller retour à pied sur une butte avec des skis non fartés où la neige collait. La fatigue, le dégoût, tout y est passé.
C’est seulement après quelques séjours et après avoir compris la glisse que j’ai commencé à accrocher. Et plus je glissais, plus je devenais accro.
Évidemment j’en ai pris des grosses gamelles. Peu importe j’étais heureux.
Plus tard à l’age de 8 ans et demi, j’ai eu la chance de tomber sur une classe de neige en CE2 (une classe que je redoublais). On avait eu le droit à de vrais profs de ski. C’était au Grand Bornand en Haute-Savoie. J’étais meilleur en ski qu’à l’école. Puis un jour du haut d’un télésiège, j’aperçois au loin une course de ski, les mêmes courses que l’on voyait à la Tv. C’est là que mon cœur a fait boom !
La suite est moins glorieuse coté glisse, car faute de moyen j’ai passé 10 années sans skier. Durant cette longue période, je n’aurai de cesse de penser au ski et lorsque je prenais mon vélo et je slalomais entre les cailloux et autre marquage au sol tel un Samir sur les pistes, puis sont arrivés les JO d’Albertville en 1992, là j’ai vu le Maroc défilé, j’étais aux anges. Coté performance les marocains slalomaient à leur manière, mais depuis je m’étais juré qu’un jour je serai moi aussi champion de ski.
Pour la petite anecdote, j’avais séché tous mes cours pour assister à toutes les épreuves où je regardais avec des étoiles plein la tête les français briller. En ski de fond Corine niogré, Fabrice guy, silvain Guillaume en ski alpin carole Merle, Florence Masnada, Frank Piccard, Edgard Gropiron… Je lâchais rien même pas les skieurs Sénégalais qui descendaient la Face de Bellevarde dont faisait parti mon ami Lamine Gueye commenté par Thierry Roland.
Représenter ton pays qu’est le Maroc doit être une très belle fierté, d’autant loin de l’Europe, à Vancouver pour la première fois. Comment cela s’est-il passé ? tes sensations ?
Sans entrer dans les détails de mes galères, blessures et autres retournements de situations notamment le soutien (2004-2006) de Sa Majesté le roi du Mohammed VI, l’aboutissement de Vancouver je le dois aussi avant tout et essentiellement à ma mère, qui même contre cette aventure olympique se forçait à me soutenir à sa façon, sans oublier mes amis fidèles qui ont su être là lors des moments difficiles, aux acteurs du ski alpin français notamment les coach des team présents sur les courses FIS où lorsque je m’entraînais seul à Tignes ou à Flaine. La FFS et les centre UCPA, notamment celui de Tignes, m’ont vraiment porté jusqu’au bout.
Il faut savoir que l’on m’avait tellement matraqué vis à vis de mes institutions sportives marocaines (pour des raisons que je dévoile dans mon livre en cours d’écriture), que cette qualif représentait plus qu’un simple aboutissement de projet sportif. J’avais une revanche et un combat à mener.
J’étais si fier de porter le drapeau marocain… pour moi ces pas à la cérémonie d’ouverture, c’était aussi un hommage à toutes celles et ceux qui avaient cru en moi et qui m’avaient soutenus. Des frissons plein le corps et une victoire bien plus importante que toutes celles qui sont en or. De plus j’avais réussi a emmené avec moi des jeunes issues de famille défavorisé de Woippy ville de la banlieue de Metz. Un projet que j’aurai tant voulu réaliser avec les jeunes de ma ville de Colombes…Mais le Maire socialiste de l’époque voyait le ski comme un sport de bourgeois auquel les jeunes des quartiers ne devaient pas s’identifier. Pour la petite histoire politique, le fait que Rama Yade Ministre des sports, amie et grande rival du maire , m’ait soutenu lui était insupportable. Mais au final ce fut un succès énorme.
Tu choisis ensuite de te lancer en ski de fond, pourquoi ?
Pour la petite histoire, la 1er fois que j’ai mis des skis de fond c’était dans un « Trophée mer et montagne », un événement organisé par le célèbre navigateur Eric Loiseau, qui allie marins et sportifs du monde de la montagne et de la glace. Je m’en souviens encore comme si c’était hier. Il fallait voir comment j’étais mal !!!! Je venais de faire la route depuis Paris et loin de comprendre ce qui m’attendait je me suis retrouvé au départ d’une course de ski de fond. Avec tout le tout ce nouvel matériel inconnu, je devais faire une course de relais. Je vous laisse imaginer la suite…chutes en pagaille et fou rire étaient au programme.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/savoie/samir-azzimani-skieur-marocain-jo-1165055.html
Mais pour en revenir à la raison de ma reconversion, il faut comprendre le déroulement de cet amour pour le ski nordique. Après les Jo de Vancouver et ma superbe 44ème place au slalom, j’ai eu du mal à remettre les pieds sur terre. J’étais complètement pommé. Difficile de rebondir quand on a atteint son objectif. Pendant des semaines, j’ai erré seul ici et là à me battre pour recevoir mes sous promis par le ministre des sports marocain de l’époque pour payer mes dettes et à chercher un nouvel objectif à ma vie. Puis heureusement qu’il y avait mon job et ma formation de moniteur de ski pour me remettre sur les rails de la société. Et que de mieux pour réapprendre à vivre en collectivité que d’aller rejoindre les équipes encadrantes de l’ucpa. J’avais atterri dans une immense structure où j’ai eu beaucoup de mal à me faire accepter. Il y avait eu beaucoup de jaloux arrogants vis à vis de ma réussite olympique. Mais bon, j’ai calmé tout le monde la fois où lors d’une séance d’entraînement de slalom, je leur ai mis 4 secondes. Par la suite, je suis allez dans un centre plus modeste et mieux adapté pour apprendre à vivre en société. Et c’est justement dans ce centre UCPA de Pralognan que j’ai découvert pour la deuxième fois le ski de fond. A l’époque je voulais retenter une qualification pour les JO de Sotchi en Slalom. Malheureusement j’étais en retard dans mon programme d’entraînement sportif. Je devais donc trouver un sport qui allait à la fois me mettre la caisse sans traumatiser mes genoux. C’est là que j’ai ouvert les yeux. Le centre faisait face aux pistes de ski de fond. Du coup je suis aller louer mon matériel pour commencer par 5km puis 7 puis 10 et plus je faisais du ski plus j’avais envie d’aller de plus en plus loin. Je n’avais aucune technique, peu importe, ça me faisait bosser mon cardio. A la fin de la saison j’étais quand même arrivé à faire de très bon résultat en FIS alpine, avec un super finish à Val Thorens lors des championnats Belges. Mais le fond était resté dans un coin de ma tête. Il prenait de plus en plus de place comme un nouveau défi.
Évidement mon arrogance de conscience de skieur alpin faisait tout pour faire éloigner cette idée un peu à la manière des cartoons où tu as un diable et un ange qui apparaît.
Puis, je me suis lancé en commençant par faire du ski roue sur le parking du parc départemental qu’il y avait à coté de chez moi à Colombes, pour finir au Maroc que j’ai traversé du nord au sud, un périple de 1700km. On m’a pris pour un fou mais peu importe. Il fallait que je perde du poids et que je gagne en technique de poussée.
Malgré tout Sochi 2014 en ski de fond ça n’était pas pour moi.
En 2018, tu rêves d’aller aux JO hiver, donc dans la discipline ski de fond. De quoi as-tu besoin pour arriver à cette qualification ?
C’est parce que le ski de fond de compétition est aux antipodes des capacités physiques et psychologiques d’un skieur alpin que je me suis lancé ce défi : devenir le premier skieur alpin olympique à se qualifier à des JO d’hiver.
2018 sera mon deuxième essai. Je ferai tout pour y parvenir. Mais seul c’est impossible, alors en discutant avec un ami moniteur Ruggucini, j’ai décidé de venir dans le massif jurassien à Mouthe pour y arriver. Ici j’ai pu dealer avec un ancien champion de biathlon Yves Maréchal, pour qu’il me suive et m’entraîne en échange de quoi je donne de ma personne pour encadrer les jeunes du club et pour enseigner le ski alpin aux visiteurs de Mouthe. Pour moi c’est un peu comme bienvenu chez les chti version montagnard à la sauce parisienne… Me retrouver à enseigner sur un terrain de 230m de déniveler avec 3 pistes alors que j’ai l’habitude d’encadrer à Tignes-Val D’Isère et Val Cenis….ça me fait tout drôle, et tout l’été j’en ai fait des cauchemars… mais depuis que je suis là, je ne regrette absolument rien. C’est un très belle endroit où les gens (pour l’instant) sont très accueillants, dévoués gentils et où le paysage est wow. Pour les pistes de ski de fond, je suis aussi très surpris.
Cependant même si je m’entraîne, il faut que je trouve le moyen de financer mes déplacements pour les compétitions internationales. Prétendre faire mes 5 courses qualificatives obligatoires en dessous des 300pt Fis en France serait présomptueux. Je dois donc viser les pays « exotiques » comme la Turquie, Grèce, les Balcans… pour avoir une chance d’y arriver. J’ai un an et demi pour ça.
J’ai donc créé une tirelire pour récolter des fonds.
Qu’aimerais tu dire aux gens pour qu’il te fasse confiance dans ce magnifique projet ?
Je les invite à voir la petite vidéo et à venir me rencontrer s’ils le veulent à Mouthe où je serai ravi de partager avec eux une balade en ski et un bon verre voire même une bonne fondu (mais pas tous les jours sinon….)
http://www.francetvsport.fr/videos/video-jo-2018-du-slalom-au-ski-de-fond-le-sacre-defi-de-samir-azzimani-376777
Règlement de la qualification pour les JO
Samir doit obtenir une moyenne de 5 courses en distance ou en sprint ne dépassant pas les 300 points réajustement trimestriel compris. Pour vous donner un ordre d’idée cela représente d’être à environ 6 à 7 minutes du premier sur une course internationale FIS de 10km.
Ce quota points, Samir a jusqu’au 20 janvier 2018 pour le réaliser
Pour soutenir Samir à financer son projet et participer à une de ses conférences sur le développement de soi
lien crowdfunding : https://www.tilt.com/tilts/qualification-pour-les-jeux-de-peyongchang2018
rédaction et photos : Carole PIPOLO