Je voudrais vous parler ici du vélo. Non pas de ce vélo comme celui dont nous pouvons nous délecter en regardant le Giro. Non, non, je voudrais vous parler du vélo de voyage, du vélo plaisir.


Un voyage là non plus pas comme celui qui vous emmènera deux semaines aux Maldives en avion, parce que c’est tellement bon, un voyage à l’image de celui que nous avons pu entrevoir lors des différents confinements. Ce voyage qui vous mènera pour certains, à l’image de Rébuffat, là où votre regard s’est porté un jour, et pour les plus hardis d’entre vous, jusqu’à environ 500 km.
Ce chiffre correspondant à une distance déjà intéressante pour une journée de bicyclette.
Ce vélo-là est donc l'éloge de la patience
Cette considération m’est apparue l’été dernier en traversant la France à VTT. Après 2 journées à pédaler sous la pluie face au vent, je me suis retrouvé à l’aube du 3ème jour non plus sous la pluie, mais toujours face au vent, dans des plaines à perte de vue avec des lignes droites approchant les 10 kilomètres.
Lorsqu’une se terminait, la suivante commençait. J’ai roulé une heure en appuyant le plus fort possible sur les pédales, refusant ma condition. Puis, j’ai roulé une heure supplémentaire un peu moins vite, maugréant et pestant contre ce maudit plat, ce maudit vent, et ces maudits kilomètres qui ne défilaient pas.
Ensuite, j’ai roulé une troisième heure, en acceptant cette situation et ma lenteur relative, du moins par rapport aux horaires que je m’étais fixé.


Quiconque roule en vélo régulièrement a déjà du ressentir ce désarroi de la montée finale, le ramenant à son domicile, alors que l’énergie n’est plus là, de ces 20 kilomètres restant, avec le vent de face, qui ne se terminent jamais. J’étendrais ainsi la définition du voyage à vélo, comme toute sortie n’impliquant pas un chronomètre et donc une performance.

Un voyage vers l'acceptation de chaque situation
Ce vélo magique, où la route devient tantôt votre amie, pour ce replat salvateur, tantôt votre pire ennemie pour ce mauvais coup de cul qui vous pousse à tout mettre à gauche. (Pour éviter les quiproquo avec nos chers amis Macronistes, je ne parle ici que de la chaine sur votre cassette pas de vos opinions politiques ).
Cette gauche justement, cette petite dent supplémentaire, vous vous mettez à la chérir, lorsque vos jambes commencent à souffrir de ce voyage.


Il en est de même cette haie au bord du champs, qui vous paraît au quotidien si insignifiante. Puis, lorsque vous prenez le vent de travers et que celle-ci vous abrite, vous vous imaginez en bœuf tirant son char il y a un siècle, heureux de toutes ces haies coupant le vent.
Ce même vent, pouvant vous faire sentir Wout Van Aert quand il est avec vous, comme votre grand-mère quand il est face à vous.

Les déplacements motorisés nous ont coupés de cette patience, il nous faut arriver à l’heure quoi qu’il en coûte. Y compris dans le vélo électrique.
Je prendrais pour exemple une pub de Total devenant total énergies qui dit en montrant une femme qui pédale en regardant sa montre sur un vélo électrique : « Parce que l’on voudra toujours être à l’heure aux rendez-vous ».
Mais surtout avec ce vélo, qui ne vous offre aucun échappatoire, pas d’issue, il vous faut accepter votre situation avec patience, détachement, tranquillement, attendre que le vent tourne en votre faveur, que ce replat arrive, ou encore que votre destination ne se livre à vous. Qui d’ailleurs s’est déjà exprimé en voiture à l’arrivée d’un replat au milieu d’une côte : « Ah ! il fait du bien celui-là !» ?
Eh bien, messieurs dames, je vous le dis : pédalez patiemment quitte à ne pas être à l’heure. Et qui sait, si nous sommes beaucoup à nous y mettre, peut-être que le monde se mettra à tourner un peu plus rond…
Récit et photos : Xavier
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