BARBARA du Sénégal au désert

Barbara est une femme exceptionnelle. Une femme forte et bienveillante qui termine son 2ème Marathon des Sables. 

Elle se confie à Outdoor and News après ce moment post MDS.  

Quelle est la  première phrase qui te vient à l’esprit à la suite de ce  MDS  2019 ? 

Je l’ai fait Moi!

Lors de ta préparation, avait tu des doutes sur des « bobos » qui pouvaient arriver ?

Pendant la préparation j’avais tellement peur que quelque chose « lâche » un muscle, un tendon,  mes orteils, j’étais à l’écoute de mon corps. 

Lorsque l’on se prépare on s’imagine finir dans de bonnes ou meilleures conditions possibles, mais lors d’une course à étapes lorsque les blessures ou des gênes arrivent, notre façon de voir les choses change, comment gères-tu cela ? 

Les seuls problèmes physiques ont été les ampoules et ça fait peur pour redémarrer le lendemain.  Il ne faut surtout pas les négliger et je ne sais pas comment mais le lendemain on redémarre au départ en claudiquant et puis petit à petit on oublie. J’ai soigné la première moi même …… plutôt bien j’ai même su emmailloter mon orteil rapidement grâce à un conseil avisé …… d’une petite souris. Les autres ampoules, je suis allée voir les docs, ça devenait plus important. 

Pour toi, est-ce difficile (mentalement) de se dire que tu t’es entraînée  et que ton objectif d’être finisher est à combattre tous les jours ? 

Je n’ai pas combattu pour mon objectif. J’ai pris chaque CP l’un après l’autre, heureuse d’arriver chaque fois au suivant. Je n’aurais pas pu penser tous les jours à la dernière étape. Il fallait tout vivre.

As tu eu de gros moments de doutes ? De solitude ?

Non pas cette fois ci, je ne me permettais pas d’être sûre d’être finisher pour ne pas me porter malheur !  Mais je ne doutais pas non plus, pas cette fois ci encore une fois. Je n’ai fait que la première étape et le marathon seule et je n’ai pas ressenti de solitude. C’était tellement beau, et il y a toujours quelqu’un pour un petit bout de chemin ou pas ……!

Qu’est-ce qu’il a été le plus dur ? (chaleur, sable ??), le plus facile ? Quelle étape as-tu préféré, bien géré, mal géré et pourquoi ?

En fait pour moi le plus dur c’est le bivouac: gérer l’arrivée, faire les choses dans l’ordre pour pouvoir tout faire avant la nuit. Se déchausser,  regarder les bobos, se laver …… un peu, aller se faire soigner, manger et se coucher. J’ai besoin d’un peu de place par manque de souplesse,  donc je me mettais dehors pour tout faire sans déranger le soir et le matin sitôt réveillée je sortais mes affaires dehors aussi. Oui le plus dur c’est le bivouac. Je n’ai pas souffert de la chaleur, ni du sable j’ai réussi à gérer les dunes et par chance mes guêtres étaient bien étanches. Le plus facile c’était de pouvoir suivre le balisage sans  se poser de question. Lorsque j’y repense j’ai aimé l’étape marathon, j’aime monter …… j’ai été servie. Les djébels étaient magnifiques. Je suis tombée dans ma  dernière descente, ça m’a un peu choqué mais une fois en bas je me suis mise à chanter en racontant n’importe quoi jusqu’à l’arrivée. Je l’ai bien gérée cette étape, même si elle était longue par ses difficultés, je l’ai réussie non pas parce que je suis arrivée au bout mais parce que je n’ai pas douté et je n’ai pas pleuré de découragement. 

Une édition plus dure que 2016 ? 

Oui une édition plus dure, moins longue car nous avions eu 257 km mais plus technique cette fois ci, et je l’ai préférée cette fois ci, je savais ce qu’il en était. 

Faire la course pour soi est une chose importante. Le fait, à la première étape, d’avoir attendu ta compagne de tente a été un moteur pour après ? Un frein plus tard dans d’autres étapes ? 

Nous avions prévu de faire la longue ensemble, nous avons fait plus car Anne a fait une déshydratation. Je l’ai vu tellement mal, il m’était impossible de la laisser, elle était sur le point peut être d’abandonner. Et ça a marché. Je pense que d’être ensemble l’a aidé, et peut être que ça m’a aidé aussi va savoir ……?

Les moments d’introspection qu’on peut avoir sont ils générateurs de positive  attitude ? Est ce que tu as eu ce que tu étais venue chercher ? 

Curieusement pour moi, j’avançais mais les moments d’introspection n’étaient pas positifs non non. Il fallait que je me reprenne. C’est dur de ne pas se faire du mal. C’est pourquoi j’ai chanté après être tombé, là j’étais positive, je me faisais rire toute seule. Le MDS n’est pas une retraite, je n’y suis pas venue pour trouver des réponses, mais pour être fière de moi. 

La vie au MDS est sereine et bienveillante. Quelques retours, anecdotes sous votre tente 38 ?  La tente une famille ? une organisation particulière entre vous 7 ? Est ce que finalement l’intimité limitée dont tu parlais a été difficile cette année ? Comment t es tu organisée ? 

Notre tente était joyeuse, nous avons beaucoup ri. Je dormais tête bêche pour pouvoir sortir plus facilement la nuit mais les filles avaient toujours très froid et une nuit Lau a rabattu le pan de la tente et je me suis retrouvée la tête dehors ……… guillotinée. Nous avons créé un Wattsapp tente 38 et échangeons tout et n’importe quoi à tout moment. Le manque d’intimité est difficile mais je l’ai mieux géré. Je ne me suis pas organisée, chacun était  assez discret pour ne pas gêner l’autre et puis on finit par faire un genre d’impasse sur beaucoup de choses. Et puis nous les femmes avons un peu de chance avec les cabines réservées pour nous. 

Quelques mots sur l’organisation, le staff, les bénévoles. Quelques points positifs et à améliorer ? 

Mais le MDS c’est avant tout l’organisation, le staff et les bénévoles ……… et nous biensur. L’organisation impressionnante, Marie-Jeanne, surtout, les buffets des premiers jours incroyables, l’organisation et la quantité. Les bénévoles adorables et tellement présents pour tout. Les Docs bienveillants, et Patrick indispensable à notre moral. Le point positif c’est de se sentir sous surveillance si on se perd, aussi bien pour le moral , que pour le coté médical. 

As-tu recommencé à courir depuis la fin du MDS ? T’es tu reconcentrée déjà sur un prochain objectif ? 

J’ai encore des coups de fatigue, j’ai recommencé à sortir mais pas encore sérieusement. Biensûr le prochain objectif le Treg en Éthiopie en novembre.

Que retiendras-tu de cette édition 2019 ? 

Les paysages, les djébels, la longue, avoir aidé plusieurs fois. Et les séances de Tai chi: cette musique matin et soir déjà apaisante. Maître SUN qui a su se mettre à notre portée, j’ai adoré soit regarder, soit écouter, soit participer, quand je pouvais. 

Une inscription 2020 ? 

Ouiiiiiiiiiiii, je vais m’inscrire pour le 35ème ……?

Question sur les femmes : près de 20% cette année, qu’en penses tu ? Les femmes sont plus tenaces ? 

C’est ce qui se dit, mais sincèrement dans ma tente pas de plus ou de moins. Je n’ai pas bien  envie d’analyser ce genre de fait. Je préfèrerais presque analyser sur les différences d’âge.

Propos recueillis par Carole Pipolo

 

Crédit photos : CIMBALY

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